Description : Description : Description : Description : http://lignechauvineau.free.fr/Gif/francec.gif   LA LIGNE CHAUVINEAU   Description : Description : Description : Description : http://lignechauvineau.free.fr/Gif/francec.gif

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SECTEUR DE L'ISLE-ADAM

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La 13ème Division à L’Isle-Adam

- 9 au 12 juin 1940 –

 

                    La 13ème Division sous les ordres du Général Baudoin comprenait, outre les éléments de services d’une Division, les éléments combattants suivants :

 

Infanterie : Aux ordres du Colonel Chadras :

      21ème Régiment d’Infanterie : Lieutenant Colonel Lambert

      60ème Régiment d’Infanterie : Colonel Deschard

      8ème Régiment de Tirailleurs Marocains : Commandant Perruchet.

      1ère Compagnie de Défense Anti-Chars.

Artillerie : Aux ordres du Colonel Bertran :

      28ème Régiment d’Artillerie (de 75) : Colonel Hardouin

      228ème Régiment d’Artillerie (105c et 155c) : Lieutenant Colonel Pagès

      1ère Batterie de Défense Anti-Chars (canon de 47)

Génie : 2ème Compagnie : Lieutenant Colonel Juillard

                                   Commandant Martin

Cavalerie : 17ème Groupe de reconnaissance : Commandant Guillaumie (fait prisonnier sur la Somme).

 

           Du front d’Alsace où elle tenait un secteur sur le Rhin, elle avait été brusquement enlevée en chemin de fer et par voie de terre (éléments motorisés) du 21 au 23 mai et transportée dans la région de Paris, à Chevreuse, où elle devait être en réserve au G.Q.G. Mais dès le 25, elle était dirigée en toute hâte sur la Somme, partie en camion, partie à pied, pour boucher « un trou », qui existait à l’ouest immédiat d’Amiens, dans notre front.  Après avoir repoussé les éléments allemands qui s’étaient infiltrés sur la rive sud de la Somme entre Amiens et Pont de Metz, elle s’établissait définitivement sur un front de 15 kilomètres, bien supérieur aux possibilités défensives normales d’une Division.

 

          Elle y tenait jusqu’au 6 juin, résistant aux attaques ennemies, mais à cette date celles-ci prenaient une ampleur considérable ; les 7 et 8 juin, la Division qui s’accrochait désespérément au terrain, se voyait débordée sur ses deux flancs. Cisaillée par les éléments motorisés allemands, morcelée, assaillie sans trêve par les bombardiers, sous un déluge de fer et de feu, elle peut cependant se dégager après de violents combats sur la rive de Poix, et se regrouper derrière le Thérain au S.E. de Beauvais.

 

          Dans ces combats héroïques la 13ème Division avait été fortement éprouvée ; ses pertes en personnel et matériel étaient très lourdes.

 

          Le 1er Bataillon du 60ème Régiment d’Infanterie avait été anéanti à Picquigny où il avait défendu désespérément le passage de la Somme ; le 3ème Bataillon du 21ème avait été à peu près décimé sur la rivière de Poix. Au 8ème R.T.M., les pertes avaient également été sérieuses. On peut estimer qu’au total l’infanterie et la Division avaient perdu la moitié de ses effectifs et de ses moyens de feux. Le 17ème G.R.D., qui avait protégé le repli de la Division, avait perdu son chef, fait prisonnier, et également à peu près la moitié de son personnel. Les Compagnies du Génie avaient également été engagées et étaient très affaiblies. Quant à l’artillerie, le 28ème R.A. avait perdu 4 pièces, le 228ème en avait perdu 3. Ces pertes indiquent l’opiniâtreté avec laquelle avait combattu la Division et le meilleur hommage rendu à sa valeur, fut sans contredit, celui qui lui fut rendu par l’adversaire, le 8 juin, par le speaker de la radio allemande de Tersen, proclamant en effet : « Nos troupes en arrivant au S.O. d’Amiens, se sont trouvées devant des troupes françaises qui ont opposé une forte résistance à notre avance. Nous nous sommes trouvés devant une artillerie dont le tir s’est révélé d’une précision étonnante. Il y avait là une armée d’élite… ».

 

          A cette appréciation on peut ajouter que nos feux d’infanterie avaient causé les plus lourdes pertes à l’ennemi et que partout notre Infanterie (y compris le groupe de reconnaissance de Cavalerie) avait lutté contre l’infanterie allemande isolée, elle l’avait arrêtée ; mais les chars et les avions l’avaient submergée. C’est donc lourdement affaiblie, harassée, mais farouchement décidée à combattre encore et à tenir que la 13ème Division devait se présenter sur l’Oise.

 

           Dans la nuit du 8 au 9 juin, le Général Baudouin avait en effet reçu l’ordre du Général Commandant le 10ème C.A., auquel appartenant la 13ème Division de reporter celle-ci sur l’Oise pour en assurer la défense entre L’Isle-Adam inclus et Persan Beaumont exclus. Elle devait être encadrée à droite par la 16ème D.I. (général Mordant) et à gauche par la 241ème D.I. (Général Hardouin). Ces forces entraient dans la composition de l’Armée de Paris, sous les ordres du Général Héring, gouverneur de la Place, qui devait, ce qui ne put être réalisé, constituer un front de Mantes, environ à la rivière de l’Ourcq en passant par L’Isle-Adam.

 

          Les journées des 9 et 10 juin furent consacrées à ces opérations. L’ennemi surpris par la résistance des jours précédents et éprouvé lui aussi, ne maintient pas heureusement un contact immédiat et ce léger répit permit au Général Commandant la Division de remettre de l’ordre dans ses unités et de préparer un dispositif de défense. Elle exigea une forte étape d’environ 30 km pour les unités de la Division.

 

          Celles-ci, en arrivant à L’Isle-Adam, furent surprises de trouver au sortir du champ de bataille de la Somme, une ville intacte et encore souriante ; de nombreux civils étaient là, les cafés étaient ouverts. Quelques travaux défensifs cependant avaient été ébauchés par les troupes d’étapes ; de petits blockhaus avaient été établis sur les bords de l’Oise, et surtout les ponts étaient minés et barricadés, mais tout cela dans le plus grand calme et bien loin de la réalité qui devait brutalement s’affirmer.

 

          L’arrivée de la 13ème Division, toute sanglante des batailles de la Somme, des renseignements qui parvenaient de toutes parts, le bruit de la canonnade qui devait augmenter d’heure en heure, les survols d’avions, l’afflux de populations évacuées, font que le tableau change brusquement. La population évacuée en grande partie L’Isle-Adam, se joignant aux nombreux réfugiés descendant vers le sud et les troupes d’étapes se repliant. La 13ème Division prit possession de son secteur de défense. Elle était renforcée de quelques éléments d’artillerie : un groupe de 6 pièces de 75 du 315ème, un autre analogue du 304ème et un groupe de 12 pièces de 105 du 120ème R.A.L. Au total la Division disposait de 7 pièces de 47 anti-chars et de 66 pièces d’artillerie.

 

          Son infanterie était réduite à la valeur d’environ 4 Bataillons ; elle ne disposait d’aucun avion, d’aucun char et elle avait à défendre un front d’environ 7 à 8 km contre un ennemi supérieur en force, disposant de nombreux avions et de chars d’assaut.

 

           Le 9 juin, le général Baudouin accompagné du Colonel Bertran, commandant l’artillerie, procédait à une reconnaissance détaillée du front de l’Oise. La défense de la rivière sur la rive sud, s’avérait difficile. Toute cette rive est en effet nettement dominée par les hauteurs de la rive nord, surtout en face et à gauche de la division, constituait un excellent masque pour les approches ennemies (approches qu’on ne pouvait déceler faute d’avions). De ce côté, la ligne de feu, fut installée sur la rivière même. A la droite de la Division, entre le Bois de Cassan et Mours, où la 13ème Division devait se relier à la 16ème, le terrain découvert se relevait un peu, mais il avait le désavantage de s’offrir lui-même aux vues de l’adversaire, tandis que la Cité de L’Isle-Adam, dans les bois qui l’entouraient, formait des abris et des cheminements sérieux, aux troupes qui pouvaient franchir la rivière à l’abri des vues de la défense. Tout, à l’intérieur de ces couverts, fut aménagé, pour arriver à retarder au maximum une telle progression, barricades, fossés… Déjà le Génie s’y était employé avant l’arrivée de la Division. Les travaux effectués ne correspondaient cependant à aucune place de défense bien définie, puisqu’ils avaient été effectués avant toute occupation ; il s’ensuivit que beaucoup d’entre eux furent une gêne pour la circulation des troupes et pour leur ravitaillement. La question capitale, cependant, était celle de la destruction des passages de l’Oise. Ainsi qu’il avait été dit, les ponts étaient minés, il n’y avait plus qu’à donner l’ordre de mise à feu. Cet ordre arriva au Général Commandant la Division dans la journée du 10. Il fut mis immédiatement à exécution.

 

          Malheureusement, outre les ponts, il y avait légèrement en amont du passage principal un barrage écluse qui pouvait être utilisé par l’infanterie ennemie. L’ordre prescrivait impérativement de ne pas le détruire ! Le général Baudouin devant le danger présenté par le maintien de ce point de passage, insista et supplia pour que l’on revienne sur cette décision. Il ne put obtenir satisfaction. La raison qui lui fut donnée de cette décision fut que la destruction de l’écluse était susceptible de provoquer une modification profonde dans le régime des eaux de l’Oise (partie du lit de la rivière risquaient d’être mises à sec de façon à créer des passages à gué pour l’ennemi. Devant cet ordre absolu, le Général du se contenter de donner des ordres pour que le passage fut barricadé au maximum. Toutes les barques avaient été ramenées sur la rive sud ainsi que ses abords et que le plus de feux possibles y soient appliqués. Hélas la puissance de feux de l’infanterie était, ainsi qu’il a été dit, singulièrement réduite.

 

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Barrage qui facilita la traversée de l'Oise aux troupes allemandes.

 

          Le plan de feux donné à l’infanterie consistait tout d’abord à battre les pentes descendantes de la rive nord, à réaliser des feux rasants sur la rivière, capables d’y faire barrage jour et nuit, à organiser en arrière, dans les couverts du terrain, quelques nids de résistance pour limiter toute pénétration partielle de l’ennemi et toute tentative de création ou d’élargissement de tête de pont. Le terrain doit être organisé avec la plus grande activité ; les blockhaus existants doivent être améliorés, les armes camouflées.

 

          Trois sous secteurs sont constitués : le 8ème R.T.M. tient la ville de L’Isle-Adam, sa limite à gauche passant par la pointe sud de l’île du Prieuré, sa limite à gauche passant par la pointe sud de l’île du Prieuré, sa limite à droite par le château de la Faisanderie.

 

          Le 21ème R.I. occupe la partie de la Ville à partir de l’Usine à gaz et le terrain s’étendant au sud de L’Isle-Adam jusqu’à Stors exclu. Le 60ème R.I. (2 bataillons) occupe la zone comprise entre la Faisanderie et le Kiosque. Liaisons doivent être prises à droite, vers Mours, avec la 16ème D.I., à gauche avec la 241ème D.I.

 

      Chaque régiment reçoit l’appui d’un groupement d’artillerie :

-         groupement Nord (appui du 60ème) un groupe du 28ème, un groupe du 315ème.

-         groupement Centre (appui du 8ème RTM) un groupe du 28ème, un groupe du 304ème

-         groupement Sud (appui du 21ème) un groupe du 28ème.

                   Cet ensemble est sous les ordres du Colonel Hardouin, Commandant le 28ème R.A. Un groupement d’action d’ensemble est constitué sous le commandement du Lieutenant Colonel Pagès ; il comprend les 2 groupes du 228ème et 1 groupe du 120ème R.A.L. Les missions données à l’artillerie comprenaient des tirs d’arrêt sur l’Oise même et sur la rive nord, des tirs lointains de contre préparation, enfin des tirs au profit de la 16ème D.I. (vers Persan Beaumont) à la demande du Général Commandant  cette Division. Des pièces isolées de 75 sont placées au bord même de l’Oise, pour barrer  la rivière et prendre le plan d’eau d’enfilade. L’une de ces pièces commandée par le Sous-Lieutenant Grosbois jouera un rôle glorieux dans la bataille.

                    Le P.C. de la Division installé d’abord à Nerville, d’où le commandement avait des vues sur la vallée de l’Oise et la forêt de L’Isle-Adam, dut ensuite être reporté au château de Maffliers, à 1500 mètres du village, le P.C. de l’infanterie divisionnaire venant lui-même à Nerville.

          Tel était le dispositif général de la Division.

 

          La journée du 10 fut consacrée aux reconnaissances faites par les cadres et permit aux troupes de prendre un peu de repos après les marches de nuit du 9. Dans la soirée, celles-ci occupèrent leurs emplacements de combat.

 

          La nuit du 10 au 11 fut relativement calme. Néanmoins les Allemands avaient réservé leur contact et portaient déjà leurs efforts sur Persan Beaumont. Le Général Mordant Commandant la 16ème D.I. demande au Général Baudouin d’étendre sa droite sur Mours pour le soulager un peu. La pénurie d’effectifs ne permettait malheureusement pas à ce dernier de satisfaire complètement ce désir. Il donna cependant dans la matinée du 11, l’ordre au 60ème R.I. d’étendre sa droite et le renforça à cet effet d’une compagnie du 21ème R.I. Un détachement de liaison fut constitué entre les deux Divisions. Mais c’était là un véritable étirement en cordon. Par contre, le général prescrivit à son Artillerie de fournir un maximum d’appui à la 16ème D.I. par des tirs nourris sur Champagne et les approches de Persan-Beaumont.

 

           Dans la journée, la pression ennemie s’accentua sur la 16ème D.I. puis progressivement sur la 13ème D.I. et sa gauche, en particulier elle s’affirma devant le 60ème R.I. Pendant ce temps, la route de Champagne à L’Isle-Adam était couverte d’un défilé lamentable ininterrompu de réfugiés, qui venaient se heurter aux passages détruits de l’Oise. Cet afflux rendait la situation angoissante, car il empêchait l’artillerie de procéder à tous les tirs désirables.

 

          Au début de l’après midi, l’artillerie allemande commença d’entrer sérieusement en action pendant que l’infanterie se concentrait au nord de la voie ferrée, notamment à Champagne et le village de Parmain. L’artillerie et les armes automatiques de la 13ème D.I. entrent alors brutalement en jeu. Vers 16 heures, les Allemands bombardent L’Isle-Adam, les routes, les carrefours, tous les points sensibles de la rive sud.

 

          D’après les renseignements de sources allemandes, recueillis depuis, 15 groupes environs auraient participé à ces tirs, alors que la 13ème Division ne disposait guère que de 8 groupes affaiblis. Ceux-ci ripostèrent cependant avec la plus grande énergie, et exécutèrent avec la plus grande précision des tirs de concentration demandés par l’infanterie, sur la rive droite.

 

          En fin d’après-midi les unités d’infanterie se présentèrent de plus en plus nombreuses sur les pentes en particulier devant le 60ème R.I. et le 21ème R.I. Une tentative de franchissement débouchant de Champagne et de ses abords est arrêtée par les feux meurtriers  du 60ème R.I. et de l’Artillerie. Un bataillon allemand est anéanti sur les pentes descendantes de Champagne vers la rivière. Pendant ce temps les canons ennemis s’acharnaient sur tout le front de la Division, sur les batteries, sur les P.C., la ville, les bois encore de malheureux civils, des convois de réfugiés cherchaient à se frayer un chemin vers des régions meilleures.

 

          Le 11 au soir, le Général Commandant la Division, sentait qu’un nouvel acte, violent, terrible, allait se produire. Il réclamait à l’autorité supérieure les moyens de réduire son front, de faire un remaniement du dispositif par le commandement, afin de diminuer les fronts respectifs des Divisions et de donner plus de densité à la résistance. La 241ème D.I. devait relever la gauche de la 13ème D.I. et s’étendre jusqu’au pont (détruit) de L’Isle-Adam. Cette manœuvre aurait permis au Général Baudouin de retirer une partie du 21ème R.I des premières lignes, de réduire les fronts du 8ème R.T.M. et du 60ème R.I. et de constituer une petite réserve.

 

          Malheureusement la 241ème D.I. très éprouvée se trouvait dans l’impossibilité de répondre à ces instructions. Elle réussit cependant à rapprocher de la gauche de la 13ème D.I. des éléments de son 264ème R.I. La 13ème Division gardait son front de 7 km.

 

          Au cours de la nuit du 11 au 12, tout le monde veille, aux aguets, puisque le contact est nettement repris. Nos batteries exerçant sans répit des tirs de harcèlement sur Champagne, Vaux, Jouy-le-Comte, Petit Val, Parmain. De son côté, l’artillerie allemande continue ses tirs, rendant extrêmement difficile tout mouvement sur la rive sud, le ravitaillement en munitions et vivres doivent se faire en rampant. Ils sont de plus, gênés dans les bois par les nombreux fossés creusés précédemment (la même gêne se retrouvera pour l’évacuation des blessés).

 

          A quatre heures du matin les tirs des canons allemands deviennent extrêmement violents ; ils donneront sans interruption jusqu’à la nuit tombante, écrasant nos points d’appui, nos P.C., coupant nos liaisons. Tout fait prévoir une attaque en force. Notre Artillerie multiplie ses feux, mais elle n’est pas assez nombreuse, et le terrain boisé où elle est en batterie ne facilite pas son action. Le trouble apporté par ce déluge de feu est augmenté dans le Bois de Cassan où de nombreux civils se trouvent encore, hommes, femmes, sont pris de panique sous le bombardement et poussent des cris et des clameurs qui menacent de faire impression sur la troupe. Quelques hommes sont détachés du 60ème pour les encadrer et les conduire vers l’arrière.

 

          Pendant ce temps, les fantassins allemands, de plus en plus nombreux, envahissent boqueteaux et vergers, descendant les pentes de l’Oise. Les tirs de nos armes automatiques leur infligent des pertes sévères. Plusieurs tentatives de franchissement sont ainsi arrêtées.

 

          Mais les obus allemands s’acharnent sur nos lignes de résistance détruisant ou neutralisant nos points d’appui, les morts et les blessés deviennent nombreux ; les communications téléphoniques sont coupées, rétablies sous le feu, puis détruites à nouveau. Les liaisons deviennent incertaines. Néanmoins la résistance continu sans fléchir jusqu’à la fin de l’après midi. Nos feux croisés de mitrailleuses et de F.M., au ras de la rivière, complétés par une pièce de 75 du 28ème R.A., portée au Kiosque, forment une nappe infranchissable de projectiles, empêchant l’ennemi de mettre des barques à la rivière. Mais l’écrasement par l’adversaire allemand s’accentue. Des masses d’infanterie utilisant pour se masquer de nombreux groupes de réfugiés, descendent de Champagne. Bientôt elles se dissimulent derrière un rideau de fumée et atteignent la rive nord. Vers 16 heures, protégés par des feux intenses d’artillerie, quelques fantassins ennemis arrivent à utiliser le barrage écluse non détruit, et quelques bateaux pneumatiques et à s’infiltrer sur la rive sud, vers la liaison entre le 8ème R.T.M. et le 60ème R.I. en direction du château de la Faisanderie. La droite du 8èmme R.T.M. a été à peu près écrasée sous le bombardement ; elle ne comprend plus que des débris de sections qui résistent pied à pied, la rage au cœur. Un trou se produit entre le 8ème R.T.M. et le 60ème D.I. De son côté, ce dernier se cramponne désespérément au terrain sous les efforts combinés du Lieutenant Perrot et du Lieutenant Ferry. Un de ces détachements qui occupait l’île de Champagne que les Allemands venaient d’atteindre tient héroïquement. Jusqu’à minuit, il résistera à tout débarquement ennemi et ce n’est que sur ordre qu’il se repliera, partie en barque, partie à la nage. Le Colonel Commandant le 60ème R.I. essaie à tout prix de couvrir sa gauche séparée du 8ème R.T.M. Il est coupé de presque tous ses éléments en ligne ; son P.C. reçoit des balles, il doit se replier vers la Table de Cassan.

 

          Devant le 8ème R.T.M. et la gauche du 60ème R.I. le Allemands, appuyés par des minen, réussissent à progresser dans les hautes herbes, mais ils sont arrêtés par les feux désespérés du 60ème R.I. à 200 mètres de notre ligne.

 

          C’est au cours de ces violents combats et bombardements qu’une section de mortiers de 81 de C.A.B. 2 du 264ème R.I., en position dans le parc du château Manchez, en bordure de la rue Dambry, composée de 14 hommes sous les ordres de l’Aspirant Wesnochter, fut totalement anéantie à l’exception de son chef.

 

          Mais de ce côté le Colonel du 60ème R.I. n’a plus aucune réserve et ne peut renforcer sa gauche. A sa droite la 16ème Division est également fortement éprouvée. Quant au 21ème R.I., il a eu lui aussi fort à faire contre les tentatives de franchissement, mais là, le passage s’offrait plus difficile à l’ennemi du fait de la nature des rives ; les armes automatiques bien enterrées et servies avec une magnifique ténacité, empêchent les Allemands de mettre pied sur les bords sud de l’Oise. Par contre à la gauche du 21ème R.I., la 241ème D.I. encore plus faible que la 13ème en effectif, est mal en point du côté de Mériel et la liaison est sur le point de se rompre avec elle.

 

          En présence de notre situation, le Général Commandant la Division ne juge cependant pas qu’elle est désespérée. Il estime qu’un effort est encore possible et qu’une contre attaque bien menée pourrait rejeter dans l’Oise les éléments qui avaient réussi à la franchir. Hélas les réserves manquaient ! Aussi demande-t-il au Corps d’Armée de mettre à sa disposition un Bataillon du 264ème R.I. de la 241ème Division qui avait pu se rapprocher de lui. Cette demande fut acceptée. Aussitôt le Général Baudouin convoquait le Commandant de ce Bataillon, le Colonel Chadras, commandant l’infanterie de la Division et le Colonel Bertran commandant l’artillerie et leur donnait des instructions pour l’exécution de la contre attaque et son appui. En fait le 264ème R.I. ne put pousser du côté de la Division que quelques sections. Sous les ordres du Capitaine Evain du 8ème R.T.M., vers 22 heures une formation d’attaque est formée rapidement avec quelques groupes du 8ème R.T.M. ; du 60ème R.I. et des éléments du 264ème R.I. commandés par le Lieutenant Roucheux et l’Aspirant Bassompierre. Une section de mitrailleuses est constituée avec deux pièces récupérées sur le terrain. L’artillerie du Colonel Hardouin donne son appui.

 

           Avec un élan admirable, ce groupement improvisé, appuyé par tous nos feux d’infanterie et d’artillerie, se lance en avant, progresse et réoccupe les positions perdues. Les Allemands devant cette action violente subissent des pertes et repassent la rivière. De notre côté, les pertes sont insignifiantes, bénéficiant de la surprise et de la rapidité de l’offensive. La réaction de l’ennemi se manifeste immédiatement par un redoublement de son bombardement, mais pour le moment, il n’ose plus tenter le passage de l’Oise. Ainsi malgré des pertes sensibles, grâce à des efforts splendides la 13ème D.I. avait rempli sa mission : L’Isle-Adam n’était pas aux mains de l’ennemi.

 

           Ce succès, car c’en était un, n’était hélas que local, la gauche de la 13ème D.I. se trouvait complètement découverte…..

 

          Mais surtout, la situation générale des armées avait empirée et de graves résolutions avaient été prises. Le 10 juin Paris avait été déclaré ville ouverte. La capitale ne devait donc pas être défendue et l’on abandonnait le plan de résistance de l’Armée Héring au nord de la ville. Tard dans la soirée du 12, la 13ème D.I. recevait l’ordre de décrocher et de se replier de nuit en direction d’Epinay, puis sur la rivière l’Yvette.

 

          Cet ordre fut une surprise douloureuse pour les héroïques unités de la Division. On ne pouvait y croire et les commandants subalternes, pensant à une erreur, demandaient confirmation. Le Colonel du 21ème rapporte ce compte rendu laconique d’un chef de quartier qui résume l’état d’esprit de la troupe : « Situation le 12 juin à 22 heures, l’ennemi nous ayant tourné à gauche, nous recevons l’ordre de repli, réaction à tous les échelons, mécontentement ». Et c’est la mort dans l’âme que les troupes commencèrent la marche en retraite au cours de la nuit. La division, encore affaiblie, mais toujours vaillante, commençait un nouveau valvaire et allait affronter de nouveaux combats au S.O. de Paris.

 

          Pour conclure ce rapide aperçu sur son action à L’Isle-Adam, il n’y a qu’à reproduire ici un article d’un journal allemand du 21 juin 1940 (Der Vormarsch – L’Avance)

 

          « Entre Parmain et Champagne, notre Division de Haute Silésie se trouvait devant la 85ème Division africaine et les restes de la 13ème Division, et essayait  de percer la dernière ligne de résistance française, avant Paris sur l’Oise. Trois régiments de tirailleurs attaquaient côte à côte. Le centre de notre pression était le village de Jouy le Comte sur la pente nord de l’Oise pendant que les Français avaient comme centre la petite ville de L’Isle-Adam. L’adversaire résistait héroïquement et repoussait le matin du 12 juin jusqu’au soir chaque essai de passer l’Oise.

 

          La division de Haute Silésie éprouvait à ce point décisif le jour le plus dur et le plus honorable de la guerre jusqu’alors, en rencontrant un adversaire qui, se battant avec le courage du désespoir, était résolu à risquer le tout pour le tout, et luttait littéralement pour chaque trou de tirailleur, chaque bunker et chaque haie. Plusieurs fois le commandant de la Division s’arrêtait avant les positions de l’avant-garde de sa propre infanterie pour chercher lui-même une possibilité d’accélérer l’avance.

 

          Surtout, le tir furieux des mitrailleuses et des canons légers, dont les nids étaient introuvables, nous éprouvait beaucoup. La division a compris dans ces heures terribles toute la valeur de l’art du camouflage que le Français comprend parfaitement et pas seulement sur l’Oise.

 

        A l’autre rive, sur la digue, se trouvait un haut tas de pierres, de la chaux blanche comme il y en a en mille endroits des fleuves français. Une véritable montagne de trois à quatre mètres de hauteur, chaque œil s’attardait un moment, sans remarquer quelque chose de louche.

 

          Qu’est-ce qu’il pouvait bien dissimuler ce tas de pierres blanches qui sautait aux yeux et offrait un but facile ? Et pourtant ce maudit tas nous a fait beaucoup de chagrin ; il contenait un bunker en béton, parfaitement achevé, avec trois Marocains qui avaient toute facilité pour nous tirer sur la tête. Notre commandant les découvrait enfin.

 

          Il fait apporter deux canons Pack dans la première position et dirigeait lui-même le tir. Déjà les premiers obus faisaient leur œuvre, une légère fumée bleue se levait et la garnison du bunker ne donnait plus signe de vie. A peine une minute plus tard l’artillerie française tirait sur l’endroit des canons Pack, mais ceux là avaient changé de position, couverts par le feu des mitrailleuses et des fusils, comme ils l’avaient fait depuis des mois. Lorsque plus tard, dans la soirée, les Français tombés dans l’herbe verte des rives, recevaient notre infanterie avançante, le tas blanc éclairait dans la pénombre, comme un poteau vers L’Isle-Adam, que nous savions par ouïe dire, un rendez-vous de paris qui s’amuse et qui grâce à l’héroïsme de chaque homme et de chaque officier de notre division, permettait l’élan vers Paris » Signé K. Weher.

 

          L’article ci-dessus, rapproché des paroles prononcées par le speaker de la radio de Tersen, le 8 juin 1940, montrent quelle fut la valeur des troupes de la 13ème Division.

 

           La défense de l’île du Prieuré fut confiée à des éléments du 264ème R.I. sous le commandement du Lieutenant Merle, qui y fut fait prisonnier le 13 juin au matin en résistant jusqu’au dernier moment, n’ayant pas été touché par l’ordre de décrochage. 

 

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Bataille de L’Isle-Adam

- 11-12 juin 1940 -

Composition de l’Artillerie de la 13ème Division au 10 juin 1940

 

Commandant de l’AD : Colonel Bertran                                 Existant au 10/6/40

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\Gif\13EMED3.gif28ème RAD : Colonel Hardouin :1er groupe : Capne de Beauchamp : canon de 75mm.        

                                                     2ème groupe : Commt Ritter : canon de75mm.        

                                                     3ème groupe : Commt …. : canon de 75mm.

                 soit un total de 32 canons de 75mm.

228ème RAD : Lt Colonel Pagès  :4ème groupe : Commt Syrieyx : 7 canons de105mm.

                                                     5ème groupe : Commt Daner : 3 canons de 155mm.

Artillerie de renforcement rattachée à l’AD/13

315ème RA de 75 porté : Lt Colonel Scheffer : 2ème groupe : Commt Cabanès : 6 canons de 75mm.

304ème RA de 75 porté : 3ème groupe : Commt Chessey : 6 canons de 75mm.

121ème RAL de 105 hippo : 1er groupe : Commt Bach   : 12 canons de 105mm.

                                                                                                                           soitau total66 pièces

Batteries anti-chars du 28ème : Capne Basson : 4 pièces de 47 mm

Débris des batteries 609 et 662 : 3 pièces de 47 mm

Au total : 44 pièces de 75mm – 7 pièces de 105mm – 3 pièces de 155mm – 12 pièces de 105mm – 7 pièces de 47mm.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\_themes\balance\abalrule.gif

 

Situation de la 13ème D.I. à la date du 9 juin 1940

           La 13ème DI en secteur au S.O. d’Amiens depuis le 26 mai avait d’abord mené une bataille offensive dans la tête de pont ennemie du S.O. d’Amiens. Elle avait ensuite résisté à l’attaque allemande du 5 juin. Malgré les attaques en force de l’ennemi, malgré les lourdes pertes tant en personnel qu’en matériel la D.I. tint bon les 5 et 6 juin et ne se retira que sur l’ordre du Commandement menacée d’encerclement.

          Du 7 au 9 juin la D.I. exécuta des replis successifs, faisant tête à l’ennemi, ralentissant sa poursuite.

          Le 8 juin l’AD/13 reçoit l’ordre de se regrouper dans la région de Noailles.

          Le 9 juin le regroupement a lieu dans la matinée.

          Le 9 juin la D.I. reçoit l’ordre de se reporter derrière l’Oise, dans la région de L’Isle-Adam en vue de défendre le passage de l’Oise entre L’Isle-Adam inclus et Persan Beaumont exclus.

          Le Général Commandant la Division et le Commandant de l’AD arrivent à midi à L’Isle-Adam et effectuent dans l’après midi une reconnaissance en vue de monter le plan de défense. Le P.C. de la D.I. se transporte à Nerville.

          Le 10 juin l’artillerie se regroupe dans les bois aux environs de l’Abbaye du Val. Le Commandant de l’AD réunit ses subordonnés à l’Abbaye du Val pour faire le bilan de ses moyens et donner les ordres nécessaires en vue de la défense. Une reconnaissance sur le terrain a lieu dès le début de l’après midi avec les Commandants de groupement. L’attention de ceux-ci est spécialement attirée sur la nécessité de battre le plan d’eau. Des pièces isolées, en caponnière seront mises en batterie à proximité de la berge pour battre d’enfilade l’Oise. L’une de ces pièces commandée par le Sous Lieutenant Grosbois jouera dans la bataille un rôle particulièrement glorieux.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\_themes\balance\abalrule.gif

 

Ordres donnés

L’infanterie est organisée en 3 sous secteurs :

Au nord : le 60ème R.I. : Colonel Deschars

Au centre : le 8ème RTM : Commandant Perruchet

Au sud : le 21ème R.I. : Lieutenant Colonel Lambert

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\_themes\balance\abalrule.gif

 

Dispositif de l’artillerie

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\Gif\13EMED4.gifAppui direct        : Colonel Hardouin.

      groupement nord : appui du 60ème R.I. : Lt Colonel Schaffer II/28 – II 315

      groupement centre : appui du 8ème RTM : Commt Buecher III 28 – III 304

      groupement sud : appui du 21ème R.I. : Capitaine de Beauchamp - I 28


Action d’ensemble : Lt Colonel Pagès   V/228 – VI/228 – I/121

           Les missions données comportent, outre un plan de feu d’arrêt sur l’Oise et sa rive nord auquel participe toute l’AD, des tirs lointains pour retarder l’ennemi et gêner son déploiement (particulièrement avec l’AL) ainsi que des tirs au profit de la DI voisine (particulièrement sur Persan).

           Le Commandant de l’AD se préoccupe dans cette journée de l’approvisionnement en munitions de tous calibres. Grâce à ses démarches il a pu faire parvenir aux pièces un approvisionnement de 400 coups par pièce de 75. En sorte que pendant la bataille, l’artillerie a pu tirer sans compter et a disposé des munitions nécessaires.

 

           Le 10 juin à la nuit, les ponts de l’Oise sautent.

 

           Le 11 juin – La matinée du 11 est mise à profit pour perfectionner l’organisation défensive, préparer les plans de feux, vérifier les liaisons. Dans la matinée vers 11 heures, des tirs sont exécutés sur les éléments légers de l’ennemi sur la rive droite de l’Oise et sur les routes et cantonnements au nord de l’Oise.

           Dans l’après midi des tirs à vue ou sur demande sont exécutés sur des éléments ennemis s’approchant de la rive droite et tentant même de franchir l’Oise (secteur du 60ème R.I.). Des tirs sont également effectués au profit de la 16ème D.I. (DI de droite) dans la région de Persan. Des pertes sévères sont infligées à l’ennemi.

           L’artillerie allemande exécute de violents bombardements sur L’Isle-Adam, la forêt, les voies de communication, les P.C., etc. Notre artillerie riposte énergiquement et exécute des tirs de concentration demandés par l’infanterie sur la rive droite et les abords.

          Un remaniement du front de la D.I. est envisagé par le Commandant, réduisant le front de la D.I. entre Mours (exclu) et L’Isle-Adam (inclus) par relève d’une partie des unités de la D.I. par les unités de la 241ème D.I. Cette relève qui devait avoir lieu dans la nuit du 11 au 12, entraînait une modification dans les groupements d’appui direct. Mais cette relève n’a pas lieu et l’organisation indiquée plus haut subsista donc entièrement.

           Le P.C. de la Division se transporte au château de Maffliers le 11 au soir.

 

          12 juin – Dans la nuit du 11 au 12, tirs fréquents de harcèlement de notre artillerie sur les concentrations ennemies à Champagne – Vaux – Jouy le Comte – Grand Val – Parmain.

                   Dès 4 heures tirs violents des batteries allemandes sur la rive sud, les P.C., les routes. Ces tirs, au dire des Allemands sont exécutés par 15 groupes d’artillerie légère et lourde. On s’attend à une attaque imminente.

           L’attaque ennemie a lieu peu après et est repoussée par nos fantassins, notre artillerie riposte énergiquement et exécute le plan de feux de tirs d’arrêt et de contre préparation prévu.

           Des tentatives de passage à la nage et en canots pneumatiques ont lieu en fin de matinée et dans l’après midi. Ces tentatives sont repoussées par nos fantassins. L’artillerie appuie de ses feux à la demande de l’infanterie, cette résistance.

           En fin d’après midi, des Allemands utilisent le barrage écluse, non détruit par ordre supérieur, prennent pied sur la rive gauche et progressent vers le château de la Faisanderie, devant le front du 8ème RTM. Nos unités décimées résistent de leur mieux à la poussée ennemie, appuyées par des feux de l’artillerie.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\Combat22.jpg

Barrage écluse.

 

           Une contre attaque est montée rapidement par le Capitaine Evain du 8ème RTM, appuyée par des éléments du 2ème Bataillon du 264ème R.I. (241ème D.I.) et l’aide de tous les éléments disponibles du 8ème RTM et du 60ème R.I.

           L’artillerie d’appui direct sous les ordres du Colonel Hardouin, appuie de ses feux la contre attaque. Les Allemands sont rejetés sur l’Oise après de lourdes pertes.

          Au cours de cette journée, de nombreux tirs à vue ont été exécutés ainsi que des concentrations, particulièrement au profit de la 16ème D.I. dans la région de Parmain – Champagne – Persan. En fin de journée, la mission de la 13ème D.I. était bien remplie. L’ennemi n’était pas passé. Mais la situation générale inquiétante amenait le Commandement supérieur à donner l’ordre de repli à la 13ème D.I., en direction d’Epinay.

 

Conclusion

           La résistance de la 13ème D.I. devant L’Isle-Adam a fait l’objet du témoignage suivant de l’ennemi lui-même.

        Le reporter militaire allemand du poste de Tersen a dit : « Nos troupes se sont trouvées devant des troupes françaises qui ont opposé une forte résistance à notre avance. Nous nous sommes trouvés devant une artillerie dont le tir s’est révélé d’une précision étonnante. Il y avait là une armée d’élite. »

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\_themes\balance\abalrule.gif

 

Rapport du Lieutenant Ferry de la 7ème Compagnie du 60ème R.I.  

(Tué devant Thann (Alsace) le 2 décembre 1944.)

 

                    Je commandais en juin 1940, comme sous lieutenant de réserve, la section de mitrailleuses de la 1ère Compagnie du CID 13, rattachée à la suite des combats meurtriers de la Somme au 2ème Bataillon du 60ème R.I. Après la Somme, ma section avait constamment couvert la pénible retraite des débris du 2ème Bataillon, réduit à 2 Compagnies incomplètes (6ème et 7ème) et du régiment qui comprenait le gros des rescapés, soit suivant une estimation optimiste 500 hommes groupés. Le 10 juin 1940, ma section qui venait des environs de Noailles, se dirigea à pied vers l’Isle-Adam et accomplit la fin du trajet en camion. Vers 11 heures, nous arrivions dans les bois de l’Isle-Adam, près de la Table de Cassan.

 

           Après un repas à la cuisine roulante et sur l’ordre du Chef de bataillon du CID, commandant alors le 2ème Bataillon du 60ème R.I., le Commandant Arnoud, nos hommes se reposèrent dans le bois. A vingt heures eut lieu, sous la direction du Commandant Arnoud, la reconnaissance par des officiers, du terrain que le 2ème Bataillon aurait mission de défendre. Le quartier était limité à gauche par l’extrémité gauche de l’île de Champagne (Voir schéma) à droite par l’extrémité nord du bois entourant le café situé sur les bords de l’Oise, dit « Château des Ablettes ». La 7ème Compagnie avait son sous quartier limité à gauche par la limite sud du Bataillon, à droite, par le clocher de Champagne. Ma section en soutien de la 7ème Compagnie, avait pour mission d’interdire tout accès à l’Oise de la part de l’ennemi dans les limites suivantes : à gauche, clocher de Champagne, à droite, limite nord du Bataillon.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\CarteBatailleIsleAdam_1.jpg

 

           La 7ème Compagnie disposait de 2 sections de FV avec 5 FM en tout, ma section à l’origine de 4 mitrailleuses. Mais dès le 10 au soir elle cédait l’unique section subsistante de mitrailleuses au 3ème Bataillon, une de ses pièces.

 

           A la nuit, nous prenions position avec 3 pièces aux points 01, 02 et 03 : le 1er groupe 01 et 02 était commandé par le sergent Boutroud, le 2ème groupe 03 par le sergent Bailly en qui j’avais toute confiance. J’installais entre 01 et 02 mon PC, simple trou pour deux hommes. L’échelon (4 voiturettes et 4 mulets), était laissé sur l’ordre ultérieur du Commandant Arnoud, en 7, à un croisement de layons. Toute la nuit, mes hommes et moi, pourtant harassés de fatigue, travaillions à aménager nos trous individuels et les emplacements de pièces. Au petit jour, nous camouflions l’ensemble.

 

           La matinée du 11 juin fut très calme. Mes hommes en profitèrent pour se reposer. Les ponts de l’Isle-Adam étaient sautés. Une colonne interminable de réfugiés encombrait la route qui descend du plateau vers l’Oise, dans le village de Champagne. Vers 12 heures, ces réfugiés faisaient demi tour, probablement sur l’ordre des Allemands alors arrivés. L’après midi fut agité. Les Allemands suivant leur tactique habituelle, essayèrent de repérer l’emplacement de nos pièces et de nos armes automatiques en nous obligeant à tirer. Ils envoyèrent dans la nature, sans objectifs précis, de courtes rafales, auxquelles répondirent, du bois situé derrière nous, sur un rythme identique, donc convenu, pendant plus d’une heure des rafales de mitraillettes. Nous étions avertis dès ce moment que nous avions dans le dos « des individus » dont il fallait se méfier. Nous devions en avoir la certitude le jour même.

 

          Il fallut interdire à nos tireurs, pourtant habitués à cette tactique de l’adversaire, de répliquer par leur tir, avant d’avoir vu en face d’eux, un objectif précis. Nous avons tiré pour la première fois, sur un groupe ennemi, qui mettait en batterie à 50 mètres derrière la voie ferrée, deux pièces de mortier sans chercher en rien à se dissimuler ; ils ont été obligés de changer de position ; puis sans arrêt sur des éléments dispersés qui essayaient de prendre position derrière la voie ferrée et ensuite de la franchir à la hauteur des bosquets A et B, enfin sur des groupes d’allemands circulant à travers le village, comme à la manœuvre. Malheureusement un rideau de fumée artificielle couvrait bientôt toute la colline de Champagne et ses pentes, et nous empêchait de tirer. Quand nous reprîmes le tir, vers 18h30 la pièce 01 fut vite repérée et un tir de mortier de 8 coups nous réduisit au silence – 4 coups nous avaient tué 2 hommes (Denerveaux et Molitor appartenaient au groupe de 81 qui venait d’arriver, et s’installait à notre droite dans la carrière). Ils se trouvaient à ce moment auprès de nous, derrière le talus longeant la route et Molitor n’était pas abrité. Denerveaux fut tué dans le trou où il fut enterré.

 

           Force nous fut de changer d’emplacement. A la nuit, la pièce 01 allait s’installer en 4 dans le blockhaus, près de la ferme abandonnée (3) avec le sergent Boutroud. Non sans peine, car « les individus », qui nous guettaient nous envoyèrent quelques rafales de mitraillettes venant de 10 semble-t-il. Ils s’en prenaient plus particulièrement aux agents de liaison isolés, qui se rendaient par le chemin du bois au P.C. de la 7ème Compagnie (en 1) et une fois leur coup fait disparaissaient en hâte.

 

           Après une nuit calme, le 12 au levé du jour, on me retira une pièce 03, donnée au Bataillon de droite, plus menacé que nous. Je devais donc assurer la mission d’une section avec deux pièces au lieu de 4. Je chargeai le caporal Gravier qui commandait 03, d’essayer de nous débarrasser avec 3 hommes « des individus » du bois, tandis que Bailly prenait le commandement de 02 b2. La chasse de Gravier ne devait pas être totalement infructueuse. Vers 9h30, il revenait me rendre compte. S’étant posté dans le bois avec le soldat Reinhart, ils avaient surpris vers 9 heures, deux « civils » armés de mitraillettes qui s’approchaient de deux bicyclettes posées à terre. Mal placés, Gravier et Reinhart les avaient tirés au mousqueton, mais sans succès. Les deux hommes s’enfuirent, et malgré la chasse qui leur fut donnée purent s’échapper vers L’Isle-Adam. Gravier revint avec les deux vélos, très usagés, dont l’un portait une sacoche de facteur des postes françaises à demi remplie de piles Wonder. Envoyé au PC de Bataillon, comme agent de liaison, le caporal ne put continuer ses recherches et les mitraillades recommencèrent. Quel était le nombre des dits « civils », certainement plus de six, autant qu’on puisse savoir. Tous mes hommes étant employés, soit aux pièces, soit comme agent de liaison, soit comme brancardiers, il ne me fut plus possible de leur faire donner la chasse et la route longeant le bois ne fut plus utilisée qu’avec beaucoup de précautions.

 

           Jusqu’à 9h45, les Allemands bombardèrent de manière intermittente. A 9h45 commença un bombardement massif systématique qui ne devait cesser qu’à 15h45. L’ennemi nous croyait certainement plus nombreux que nous n’étions, car presque aucun point de la lisière du bois et des bosquets ne fut épargné. Pendant ce bombardement, nous eûmes peu à tirer, si ce n’est de b1, rien n’apparaissant de manière continue dans notre secteur de tir. Mais le groupe voisin de mitrailleuses en C tirait sans arrêt. La maison près de laquelle il se trouvait fut bombardée et brûlée. Le groupe eut 2 tués. L’action principale se passait en effet à notre gauche, face au 8ème RTM, et à notre droite, face au 3ème Bataillon. J’en eus la conviction définitive en voyant passer 2 tirailleurs, complètement hagards, qui me firent le récit des événements de l’après midi dans leur secteur et que j’envoyai avec un de mes hommes au 2ème Bataillon. Le Commandant me confirma que les Allemands avaient passé l’Oise à notre gauche et me donna l’ordre de déplacer mes deux dernières pièces vers la gauche.

 

          Après une reconnaissance rapide sous le bombardement, b1 vient se placer avec moi en C1 et je donnai l’ordre à b2 02 de venir prendre position en C2. A ce moment, les Allemands, une compagnie à peu près, attaquaient le long de l’Oise en chantant et se rabattant sur nous, nous prenaient à revers. C1 étant seule installée à ce moment (18h30 ou 19h), nous essayâmes de tirer avec cette pièce. Après quelques rafales, la mitrailleuse, une mitrailleuse d’instruction qui avait fonctionné sans vérification depuis la Somme, eut un incident grave. Nous fûmes d’ailleurs, presque aussitôt installés, pris sous un tir d’encagement de l’artillerie, au moyen duquel l’ennemi protégeait l’avance de son infanterie, et qui s’appliquait perpendiculairement à l’Oise, le long de notre limite gauche du Bataillon. Sans aucune protection, et avec une pièce hors de service (toutes les opérations de remise en marche rapide n’ayant donné aucun résultat) je donnai l’ordre de changer de position pour nous mieux abriter au moins des vues pendant le temps de réparation. C’est à ce moment que je fus blessé par un éclat de 77 qui explosa à 1,5 m de moi. Bailly qui nous rejoignait avait également un incident de tir et des blessés. Sur mon ordre, il prit le commandement de la section pendant que l’on me conduisait au poste de secours du 2ème Bataillon. Il était à peu près vingt heures.

 

           Sur le trajet, nous rencontrâmes mon ordonnance Brichoux, tué à côté d’une voiturette de mitrailleuses, sur laquelle il avait traîné en direction du poste de secours, le soldat Gindre, très grièvement blessé. Quand j’arrivai au poste de secours du 2ème Bataillon du 60ème R.I., celui-ci n’était plus là : l’ordre de repli était déjà parvenu (vers 18 heures) alors qu’il ne devait arriver, je crois, à ma Compagnie, qu’à 23 heures.

 

           Je fus donc soigné avec un de mes hommes, Flory, au poste de secours du 261ème R.I., installé avec le médecin lieutenant Cruégain dans une sorte de grotte ou de garage, du château situé en bordure du bois. De là, après un pansement sommaire, je fus évacué par la dernière ambulance automobile.

 

           J’appris par Flory que le soldat Faure avait été blessé au pied, par éclat d’obus et je fus très étonné d’apprendre par la suite sa mort. Tout ce qui s’est passé après ma blessure m’est inconnu, si ce n’est par ouï dire, je n’en parle donc pas.

 

           Les combats de l’Isle-Adam, coûtaient en deux jours, à ma section outre Denerveaux et Molitor, 3 tués : Brichoux, Delcey agent de liaison auprès du P.C. du Bataillon, Faure ; 4 blessés : Chambon, Tati, Flory et moi-même sur 21 hommes qui me restaient à l’arrivée à l’Isle-Adam ; 4 devaient être faits prisonniers le lendemain 13 juin à proximité de l’Isle-Adam : Bailly, Bourdin, Combes, Homberger.

 

           Voila pour l’essentiel, le récit du combattu à l’échelon modeste de chef de section. Je voudrais surtout que l’on sache dans quelles conditions nous avons combattu ; nous étions à bout de forces en arrivant à l’Isle-Adam, nous n’avons pas dormi trois heures en tout les 10, 11 et 12 juin. Nous avions de vieilles mitrailleuses Hotchkis, retapées à la mobilisation, en nombre insuffisant (2 en fait par section le jour décisif) et qui avaient servi pendant six mois à l’instruction des réservistes. Si le ravitaillement en munitions (cartouches) s’est fait régulièrement dans l’ensemble nous n’avions ni barbelés, ni grenades, ni pièces de rechanges, aucun ravitaillement en vivres, à part le repas pris le 10 à la roulante.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\Mitrai17.jpg

Mitrailleuse Hotchkiss et ses servants

 

           Enfin nous avions dans le dos une menace constante que je n’exagère pas. J’ai appris par un agent de liaison de la 13ème D.I., soigné en même temps que moi, qu’il avait été mitraillé le 12 à 17h30, près du château de l’Isle-Adam, alors qu’il portait au P.C. R.I. un ordre qu’il croit avoir été l’ordre de repli. Une balle lui traversa le cou. Ce fut peut être l’une des causes du retard avec lequel l’ordre de repli parvint au régiment et de là au Bataillon.

 

           Mes Francs-Comtois ont cependant tenu bon et nous avons fait ce que nous avons pu avec le matériel dont nous disposions. 

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\_themes\balance\abalrule.gif

 

Rapport du Lieutenant Perrot

Commandant la 2ème section de la 7ème Compagnie du 2ème Bataillon du 60ème R.I.  

                   10 juin 1940 – Arrivée dans les bois de l’Isle-Adam à 10h du matin. L’étape précédente nous avait conduits, par Noailles et Méru, de Montreuil sur Thérain à l’Isle-Adam en 20 heures de marche à peine interrompues de quelques pauses.

          Le Commandant Arnoud, jusqu’alors à la tête du CID 13, prend le commandement du 2ème Bataillon du 60ème R.I. Ce Bataillon est formé des restes du 3ème Bataillon du 60ème R.I. et d’une Compagnie du CID 13. Il comportera 2 compagnies :

La 6ème : Capitaine Barras

La 7ème : Lieutenant Henriot.

           Cette 7ème Compagnie à laquelle je suis affecté compte 70 hommes environ, répartis comme suit :

a/ Section Maréchal

b/ Section Perrot

           Elle aura à couvrir dans son dispositif :

a/ La section de mitrailleuses (2 pièces) du Lieutenant Ferry,

b/ Une mitrailleuse détachée d’une autre section du 60ème R.I.,

c/ Une pièce de mortier de 81 (sergent Wespizer).

 

           11 juin3 heures du matin, montée en lignes. Mise en place du dispositif. Pour la 7ème Compagnie – La section Maréchal occupe l’île en face Champagne (légèrement sur la gauche).

           La section Perrot, sur la rive gauche, en ligne contre la rive même de la rivière. Assure à vue la liaison avec le 8ème RTM dont les premiers éléments occupent une maison qui sera totalement détruite au cours de l’attaque.

           P.C. de Compagnie et P.C. section Perrot : dans deux petites maisons sur la rive à la hauteur de l’île (Le PC de la section Perrot sera en partie détruit dans la soirée du 12. Cette maison a été reconstruite depuis.

           Mitrailleuse détachée : en bordure de l’Oise. Tir en flanquement, direction N.E.

           Section de mitrailleuses Lieutenant Ferry : 1 pièce en bordure du bois ; 2 pièces dans un blockhaus sur la pente à mi chemin entre le bois et la rivière.

           Pièce de 81. En arrière de la section Ferry dans une excavation assez large qui lui permet un tir camouflé (voir plan).

           Aménagement de la position. Trous individuels. Emplacement de tir. Jusqu’à midi, défilé des réfugiés sur la route de Champagne à l’Isle-Adam.

           15 heures. De la lisière du bois on tiraille dans notre dos, sur les groupes en lignes au bord de l’Oise. Il apparaît ainsi que des tireurs isolés nous prennent à revers. Patrouille Lieutenant Perrot. Les tirs isolés cessent.

                   Dans la soirée commencent des tirs d’artillerie. Molitor, Denerveaux et Brichoux, soldats de la SM Ferry et de la section de mortier sont tués. Delcey, soldat est tué au PC du Bataillon.

           21 heures. Départ de la corvée de soupe (Caporal Roussey). Ne reviendra qu’à 5 heures du matin.

 

           12 juin – Duel d’artillerie : soldat Bonnet de la section Perrot tué au bord de l’Oise. Tirs d’infanterie sur les éléments ennemis en bordure de la voie ferrée.

           16 heures. La section du 8ème RTM avec laquelle nous sommes en liaison à vue, se replie sans prévenir et découvre notre flanc gauche. Il a été rapporté plus tard que l’ordre de repli était général, mais qu’il n’était pas parvenu au 60ème R.I., l’agent de transmission ayant été tué au cours de sa mission. Je n’ai pas eu confirmation officielle de ces faits. Découverte sur sa gauche, la section Perrot modifie son dispositif et porte sur sa gauche en bordure de l’Oise, le FM de son groupe de droite.

          17 heures. Violents tirs d’artillerie allemande sur notre position. Un engin anti-chars détruit l’emplacement de tir du FM que le lieutenant Perrot était entrain d’installer à sa gauche en bordure de l’Oise. Le tireur est très grièvement blessé. Bien que l’emplacement soit directement pris à parti par les armes ennemies, le sergent Pasco et le soldat Genevois viennent en rampant chercher le corps de leur camarade. Le FM est maintenu en position par le soldat de Martini.

           18 heures. Les Allemands qui ont passé la rivière apparaissent à notre gauche et nous prennent de flanc. Toute la section Perrot est maintenant déployée perpendiculairement à la rivière pour couvrir le flanc du Bataillon. Les trois mitrailleuses ont modifié leur plan de tir et appuient la section Perrot (voir plan). Les Allemands attaquent. Ils avancent debout au milieu des blés. Le Caporal Roussey (section Perrot) est tué. Le Lieutenant Ferry est grièvement blessé.

          20 heures. Les Allemands n’avancent plus. Ils se contentent de tirailler. Notre artillerie lance encore quelques obus sur les éléments qui ont traversé la rivière à notre gauche. Puis calme plat.

          22 heures. Ordre de repli. La section Maréchal, dans l’île, évacue la première. A peine la section Perrot a-t-elle à son tour décrochée, que les Allemands, éclairant le terrain à l’aide de fusées, reprennent l’attaque. Un FM est remis en batterie, servi par le Lieutenant Perrot et les sergents Pasco et Bontrond. Le reste de la section peut effectuer son repli et rejoindre le Bataillon.

 

           13 juin - 3 heures du matin. Le Lieutenant Perrot et les sergents Pasco et Bontrond qui ont décroché à leur tout…. et se sont égarés dans les bois….. arrivent à la lisière Nord Est de l’Isle-Adam, à une barricade tenue par un élément retardateur du 8ème RTM.

           4h30 Repli avec cet élément par la sortie Est de la ville.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\_themes\balance\abalrule.gif

 

Rapport du Lieutenant Merle de la 6ème Compagnie du 264ème Régiment d’Infanterie

                    Après une retraite épuisante qui nous avait amenés le 10 juin, de Rantigny à Beaumont-sur-Oise, le 264ème R.I. était regroupé dans la forêt de Carnelle. Dans la matinée du 11 juin, le 2ème Bataillon recevait l’ordre de participer à la défense de l’Isle-Adam. Précédant le gros du Bataillon, des éléments de chacune des Compagnies étaient transportés en camionnettes, en fin de matinée, et étaient chargés d’occuper des positions avancées, couvrant le dispositif que le Bataillon devait prendre.

           Je recevais l’ordre de m’installer sur l’île du Prieuré, sur celle de la dérivation et sur la rive gauche entre ces deux îles. Je disposais pour cette mission de 4 groupes de FV et un groupe de mitrailleuses. De plus, un 2ème groupe de mitrailleurs, placé à l’entrée du pont, côté l’Isle-Adam, secondait mon action.

           Mon dispositif : sur l’île de la Dérivation 1 GM commandé par le sergent Violet, à hauteur de l’Ecluse, avec mission sur la rive droite.

           Sur l’île du Prieuré 1 groupe FV, sur la berge, au pied du mur de l’Hôtel Conti, battant les abords et le pont de Parmain ; un 2ème groupe de FV ayant la même mission était placé en aval de la route qui traverse l’île.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\foto21ter_1.jpg

Bloc pour mitrailleuse Hotchkiss situé dans le parc de l'ancien Hôtel Conti. (Photo R. Botto)

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\foto21ter_2.jpg

Bloc pour mitrailleuse Hotchkiss situé dans le parc de l'ancien Hôtel Conti. (Photo R. Botto)

Noter le camouflage du bloc reprenant l'aspect de l'Hôtel Conti situé à proximité.

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\foto21ter_3.jpg

Bloc pour mitrailleuse Hotchkiss situé dans le parc de l'ancien Hôtel Conti. (Photo R. Botto)

Trace d'impacts sur la façade du bloc.

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\foto21ter_4.jpg

Bloc pour mitrailleuse Hotchkiss situé dans le parc de l'ancien Hôtel Conti. (Photo R. Botto)

Les chaînages d'angle rappellent l'aspect de l'Hôtel Conti situé à proximité.

 

           Sur la rive gauche entre les deux îles 2 groupes de FV battant le plan d’eau et la rive droite.

           Exécution : Je n’avais que des renseignements assez vagues sur l’ennemi dont on ne soupçonnait pas la proximité immédiate.

           J’ai placé d’abord mes éléments de la rive gauche et de l’île de la dérivation ; ensuite le personnel chargé d’occuper l’île du Prieuré fut transporté dans deux barques. Il fallut deux voyages.

           Pour la clarté de ce qui va suivre, il est nécessaire que je donne les renseignements suivants :

           Sur l’île de dérivation se trouvaient déjà des éléments de mitrailleuses du 8ème RTM.

           Sur l’île du Prieuré il y avait :

  Une section de FV commandée par l’Adjudant Mouldi,

  Un groupe de mitrailleuses placé à la pointe sud de l’île.

  Un canon de 25 dans le blockhaus près du monument de 1870, et tout à côté, un projecteur alimenté par un grand moteur servi par des soldats du Génie.

           Le tout était sous les ordres de l’Aspirant Lombard de la CAB 3 du 8ème RTM.

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\CarteBatailleIsleAdam_2.jpg

 

           Nous avons agi en coopération jusque dans l’après midi du 12 juin.

 

           Au retour du 2ème voyage, conduisant avec moi les hommes chargés de compléter  le 2ème groupe placé côté sud du pont, je suis prévenu par un tirailleur que les Allemands étaient en face ; je me trouvai alors près du pont à côté de la petite maison dépendant de l’Hôtel Conti. J’aperçus en effet, au carrefour de Parmain, derrière un barrage de véhicules renversés, des ennemis en observation. Je les pris immédiatement à partie à coup de fusil et ils disparurent. Nous gagnâmes ensuite, en traversant la route, l’emplacement de mon 2ème groupe.

 

           Aussitôt après, l’action de l’ennemi fut déclenchée : tirs violents d’armes automatiques, de minen, etc. un feu d’enfer auquel les tirailleurs et mes hommes répondirent. Le moteur du projecteur criblé, avait été mis hors d’usage. Pas de pertes. Un blessé assez grave chez les tirailleurs, un blessé léger parmi mes hommes.

 

           Une accalmie survint ; j’en profitai pour me rendre compte, auprès du 1er groupe, côté amont. Traversant la route près du monument de 1870, j’entrai dans le parc en escaladant le mur à balustres. Parvenu face nord de l’Hôtel Conti, je fus pris à partie par une arme automatique, qui m’obligea à m’aplatir ; je regagnais alors le point où j’avais escaladé le mur du parc, et restai un moment en observation. Une rafale bien ajustée vint m’atteindre ; les balustres fort heureusement, en limitèrent les effets. Je reçus une balle à l’épaule droite, un gros éclat de pierre au bras droit et quantité de petits éclats de pierre. Surpris, je traversais la route et gagnai le P.C. des tirailleurs, derrière le bloc de 25, après quoi, je rejoignis mon groupe côté sud. J’attendis la nuit, pour rendre visite à mon autre groupe, en passant par la porte en fer, qui du parc, donne accès sur la berge. Un peu plus tard, je m’en allais auprès du 2ème groupe, emmenant avec moi le blessé léger dont j’ai parlé plus haut. Avec mes hommes, nous sommes restés sur pied toute la nuit, mais aucun incident notable ne se produisit.

 

          12 juin – Bombardement intense : artillerie, mortiers. Arrosage de notre île par minen. Sa mission étant assurée par un groupe de tirailleurs, je portai mon groupe sud derrière la dernière villa près du jardin municipal, avec mission sur la rive droite, où j’avais repéré deux armes automatiques et un mortier. Vers le soir, les Allemands profitant du couvert épais, abordèrent l’île à ma gauche, sans être aperçus du groupe de mitrailleuses placé à la pointe sud. Mon FM s’enraya, de rage, je le jetai de côté et nous stoppâmes l’ennemi à coup de fusil. Au bruit l’Aspirant Lombard arriva ; nous convînmes des dispositions suivantes : me porter sur son groupe de mitrailleuses pour le couvrir pendant que lui, ferait intervenir son groupe de réserve et demanderait du renfort à son Commandant de Compagnie. Je ne l’ai plus revu. J’ai appris par la suite que, passé sur la rive gauche, il n’avait pu regagner l’île à nouveau en raison de l’intensité du feu, et également qu’une partie de ses éléments autre que le groupe de mitrailleuses dont j’avais pris le commandement, étaient parvenus à se décrocher.

 

           Profitant de la nuit, l’ennemi arriva en nombre sur l’île et déclencha un tir intense d’armes automatiques auquel je répondis par des feux nourris de mitrailleuses et de fusils tirant par salves. La fusillade continua ainsi de part et d’autre assez tard, puis s’arrêta. Vers 2 heures du matin, nous reçûmes de la rive droite, quelques coups de fusils sur notre emplacement. Le calme revint, l’ennemi avait quitté l’île, comme je pus m’en rendre compte au matin.

 

          13 juin – Petit jour, brume sur la rivière. Dans une trouée, nous aperçûmes en aval un important mouvement d’embarcations pneumatiques entre les deux rives. Faisant faire demi tour à une de mes pièces j’ouvris le feu, jetant la perturbation chez l’ennemi, dissociant tout le mouvement. Le tir reprenait chaque fois que les bateaux tentaient de se regrouper ou de franchir l’Oise.

 

           Je fus inquiet du silence de la rive gauche, d’autant plus que mes munitions s’épuisaient et que depuis deux jours, nous étions sans vivres. Par ailleurs, pas de nouvelles des tirailleurs et de leur aspirant. Je me rendis alors au P.C. de ce dernier, il n’y avait plus personne. Me plaçant sur la route, j’observai l’Isle-Adam et m’aperçus enfin qu’elle fourmillait d’Allemands. Quelques coups de fusils ne me laissèrent aucun doute. Les nôtres avaient décroché pendant la nuit, et je restai seul, bien seul…..

 

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Rapport du Lieutenant Roucheux

Adjoint au Commandant de la CAB 2 du 264ème R.I.

        Le 264ème R.I. était commandé par le Colonel Petit.

        Le 2ème Bataillon de ce régiment était commandé par le Commandant Andlauer.

        La CAB 2 était commandée par le Capitaine Clerc dont j’étais l’adjoint.

        Le 264ème R.I. venait de Liancourt, Rantigny. Stationné dans la forêt de Carnelle le 10 juin 1940. Le 11 dans le courant de l’après midi, ce régiment reçut l’ordre de se rendre à l’Isle-Adam  pour y relever le 8ème RTM.

        Au cours de la journée du 12 juin, l’ennemi a exercé une forte pression sur les positions tenues par cette unité en liaison avec les unités voisines.

        L’artillerie de campagne, en ligne sur les hauteurs de Presles et de Nerville, renseignée par nos éléments d’observation et secondée par les feux de nos mortiers de 81, a effectué un tir de barrage d’une violence sans précédent.

        La section de mortiers de 81 de la CAB 2 du 264ème R.I., en position dans le parc du Château Manchez et composée de 14 hommes, sous les ordres de l’Aspirant Wesnachter fut totalement anéantie à l’exception de son chef.

        Vers 16 heures, l’ennemi avait réussi à s’infiltrer sur l’île de Dérivation, occasionnant des pertes sévères aux unités du 264ème R.I. commandées par le Lieutenant Merle.

           Vers 22 heures, l’ordre de reprendre les positions est donné.

           La violence des bombardements allemands avait fortement réduit les unités. Aussi la contre attaque est-elle déclenchée avec des effectifs restreints composés de gradés de la CAB 2 du 264ème R.I. sous le commandement du Lieutenant Roucheux et d’une section de voltigeurs commandés par l’Aspirant Bassompierre.

           Ces éléments reprennent la position vers 23 heures pour les abandonner sur ordre le 13 juin à 1h30 avec position de repli Gennevilliers.

 

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