LA LIGNE CHAUVINEAU
SECTEUR DE
L'ISLE-ADAM
Revue de l’As de Cœur
Bulletin de liaison
de l’Amicale des Anciens du 60ème R.I.
Supplément au N° 30
Commémoration du 20ème
Anniversaire des combats de juin 1940
En 1956, le Conseil Municipal de PICQUIGNY décidait de débaptiser la rue
de la Gare, et de lui donner le nom de "Rue du 60ème R.I.". L'inauguration de la nouvelle
plaque eût lieu le 27 Juin I956, dans le cadre de la cérémonie annuelle au
monument de Breilly. Deux ans plus tard,
c'est BREILLY qui, à son tour, donnait le .nom de 60ème R.I. à l'une
de ses rues.
A L'ISLE - ADAM.
Plus de 100 soldats français, appartenant à la 13ème Division, et au
264ème R.I. qui se trouvait à notre droite, sont tombés au cours des
combats pour la défense des passages de l'Oise, les 11 et 12 Juin 1940. Après la bataille, le soin de leur donner une
sépulture fût dévolue aux habitants restés dans leurs maisons, ou revenus très
vite après un court exode.
Le 4 Avril 1941, M. VOLANT, adjoint au Maire de l'Isle-Adam, adressait l'appel suivant aux habitants :
"Depuis le 28 Janvier que nous avons commencé la douloureuse et funèbre
besogne des exhumations, nous avons réuni dans notre cimetière
communal 106 soldats tombés en défendant le sol de la Patrie. Il en reste
encore quatre que, pour des raisons différentes nous ne pouvons, pour le
moment, réunir à leurs malheureux camarades. Nous veillerons, malgré cela, à ce
que leurs sépultures conservent, dans l'austérité de leur isolement, toute la
dignité qui leur est due.
"Dans ce lieu de repos, nous avons fait de notre mieux pour assurer à ces
corps meurtris une place digne de leur héroïsme et de leur sacrifice. Dans
quelque temps, quand toutes les croix auront reçu leur parure blanche et leur
identité définitive, nous espérons que ce petit coin de notre cimetière aura
l'aspect impeccable que, de tout notre cœur, nous nous sommes attachés à lui
assurer.
Nous avons pensé, devant la fidélité touchante que vous avez toujours témoignée
envers nos chers morts, à demander à ceux d'entre vous qui le désireraient, de
bien vouloir adopter une tombe et d'en assurer l'entretien.
"Nous savons que plusieurs d'entre vous ont déjà accompli ce geste
généreux et émouvant.
"Vous concevez combien il serait doux et réconfortant pour de malheureux
parents, pour des épouses éplorées, pour de petits orphelins, de savoir que le
cher absent n'est pas seul, loin du pays natal ; qu'il leur est possible de
communier avec un cœur ami et dévoué qui les consolera de leur cruel
éloignement.
"Il y a, parmi ces soldats qui reposent dans notre cimetière communal, 14
Marocains qui, eux, semblent les plus déshérités dans leur tragique destin.
"Ne les oubliez pas-Ils ne peuvent compter que sur la générosité de votre
cœur pour remplacer la main familiale qui fleurira leur tombeau.
"D'avance et du fond du coeur, nous vous disons merci."
Cet émouvant appel fût entendu. Comme dans la Somme, nos morts furent adoptés par des cœurs généreux ; et des mains pieuses fleurirent leurs tombes.
Au retour à la Mairie eut lieu la présentation d'un projet d'aménagement d'un ancien blockhaus du bord de l'Oise, en mémorial commémoratif des combats de Juin 1940. La municipalité de L'Isle-Adam, dit le Maire, désire que les nombreux touristes qui viennent séjourner sur notre territoire, aient l'occasion de se rappeler les sacrifices héroïques consentis par la 13ème D.I. Les noms de ceux qui sont tombés au champ d'honneur, seront inscrits sur une plaque à l'intérieur du blockhaus.
L'aménagement de ce blockhaus s'est-il, pour une raison quelconque, révélé impossible ? Toujours est-il qu'un monument à été érigé de toutes pièces, en dehors de la ville, au bord même de l'Oise, à proximité immédiate du blockhaus. Les noms des morts sont gravés sur la stèle.
Monument érigé au bord de l'Oise.
L'inauguration de ce monument eut lieu le 15 Juin 1957.
Tous les ans, au mois de juin, la Municipalité de l'Isle-Adam organise une cérémonie pour honorer la mémoire des soldats tombés au champ d'honneur les 11 et 12 Juin 1940 pour la défense des passages de l'Oise ; des habitants fusillés par les Allemands ; des victimes des bombardements aériens de 1944.
Le programme de ces cérémonies est généralement le suivant : Après une messe solennelle en l'église St-Martin, un cortège se forme et va déposer des fleurs au monument aux morts de la ville, à celui des fusillés, enfin au mémorial de la 13ème Division.
A LOURY
Loury est un petit village du Loiret, sur le Nationale 51, entre Pithiviers et Orléans, à environ 18 kilomètres de cette dernière ville. Semblable à bien d'autres villages de France, rien sans doute, ne le signale à l'attention particulière des touristes. Ceux-ci doivent le traverser en trombe, en dépit du panneau limitant la vitesse à 40 ou 50 kilomètres à l'heure. Se souviendra-t-il seulement d'y être passé ? Probablement pas s'il n'est; pas de la région.
C'est pourtant dans ce village que ce qui restait de la 13ème D.I. livra son dernier combat le 17 Juin 40. Bien pauvres restes en vérité : un détachement, aux ordres du Colonel DESCHARD, commandant le 60ème R.I., constitué par des éléments plus ou moins éprouvés des 21ème, 60ème R.I., 8ème R.T.M.. et 28ème R.A.D.
Ces hommes, et leurs chefs, sont exténués. Depuis le 12 Juin, ils ont fait
mouvement toutes les nuits, ne se reposant guère le jour. Ils arrivent à Loury
le 17 au matin, après une marche de nuit épuisante. Les munitions sont rares.
Ces hommes n'ont pourtant rien perdu de leur ardeur, de leur sens du devoir, de
leur esprit de discipline et de sacrifice. Ils restent fidèlement groupés
autour de leurs chefs, et constituent encore une troupe homogène parfaitement
utilisable. Ils le prouveront ce 17 Juin.