Description : Description : Description : Description : http://lignechauvineau.free.fr/Gif/francec.gif   LA LIGNE CHAUVINEAU   Description : Description : Description : Description : http://lignechauvineau.free.fr/Gif/francec.gif

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SECTEUR DE L'ISLE-ADAM

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Vous trouverez ci-dessous le texte intégrale d'une plaquette écrite par le Docteur Louis Senlecq, président du Comité pour que soit érigé un monument en souvenir des 112 soldats tombés pour la France en défendant les passages de l'Oise à L'Isle-Adam.

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                Un Comité s’est constitué pour élever un monument destiné à commémorer les journées des 10, 11, 12 et 13 Juin 1940 au cours desquelles 112 soldats français sont tombés sur notre territoire pour défendre le passage de l'Oise contre l'envahisseur.

 

         Notre pensée se doit d'aller à ces soldats, dont les chefs qui les ont vus à l’œuvre, témoignent de leur bravoure, de leur courage de leur héroïsme; notre souvenir doit perpétuer à jamais celui de ces premiers résistants de 1940 qui sont morts en songeant peut-être que bataille perdue n'est pas guerre perdue, et qui, dans une lutte désespérée, on mis toute leur énergie à garder au Monde le miel, cependant que les barbares détruisaient les ruches et leurs abeilles.

 

         Ils sont tombés par amour de la Patrie et pour la sauvegarde de la France, animés d'idées différentes, mais unis dans l'action. Ils sont tombés comme leurs prédécesseurs de l870, qui ont combattu sur ces mêmes rives d'Oise.

 

         Ils sont tombés comme les poilus qui ont tenu de 1914 des Vosges à la mer avec une opiniâtreté inouïe.

 

         Ils sont tombés comme leurs successeurs, les vrais résistants de 1941 à 1945.

 

         Comme maire de l'Isle-Adam, j'ai parcouru, au retour du front quelques jours après la lutte, ce champ de bataille; je me suis incliné sur presque toutes les tombes de ces héros, creusées là même où ils avaient lutté et où la mitraille les avaient fauchés, et je me rappelle plus particulièrement un blockhaus des bords de l'Oise qui causa grand dommage aux ennemis et dont tous les occupants furent tués. De ce blockhaus, nous voudrions faire le symbole de notre souvenir et de notre reconnaissance infinie pour tous ceux qui ont lutté au cours de ces journées désespérées.

 

         Pour mieux faire comprendre toute l'importance de ces dures journées de Juin, laissez moi vous donner les dispositions de combat des unités qui ont courageusement essayé d'endiguer le flot barbare. Je ne puis mieux faire pour cela que de citer le texte d'un de ce valeureux commandants d'unités, le colonel Lambert.

 

         «C'est à la 13e division d'infanterie, commandée par le général Baudoin que revient l'honneur de défendre le passage de l'Oise à l'Isle-Adam. Cette division était composée du 21e R.I. (Lt-Colonel Lambert). un bataillon du 264e R.I. (Commandant Audlauer), du 28e R.A.D (Colonel Hardouin), du 8e R.T.M. (Commandant Perruchet) du 17e groupe reconnaissance divisionnaire, des compagnies 13/l et 13/2 du génie, des compagnies de transmissions 13/81 et 13/82, du groupe sanitaire divisionnaire 13 et du 2e bataillon du 264e R.I. ».

 

         Tous ces régiments étaient actifs, renforcés pour un quart de réservistes et commandés par des officiers et sous-officiers moitié active, moitié réserve.

 

         Toutes ces unités avaient été réduites par des combats près d'Amiens, et surtout par une résistance vive à Pecquigny (Somme) et sur la rive de Poix; et leur matériel avait été aussi très diminué par ces attaques. Les marches forcées de la retraite avaient exténué tous ces hommes.

 

         C'est vers 20 heures le 9 Juin, après une étape de plus de 30 kilomètres qui n'avait été précédée que par un «long repos» de 3 heures à Noailles, que la 13e D.I. commença à arriver à l'Isle-Adam.

 

         Un premier ordre prévoyait une occupation immédiate de la rive sud de l'Oise, mais un second prescrit le regroupement de l'infanterie dans la forêt de l'Isle-Adam de part et d'autre de la route nationale à hauteur de la maison forestière de la Grille de l'Isle-Adam, et pour l'artillerie, l'installation dans des cantonnements situés aux lisières Nord, Est et Sud de la forêt.

 

         Aucun incident à signaler dans la nuit du 9 au 10 Juin.

 

         10 JUIN.

 

         Après une nuit de repos qui fit oublier aux hommes les fatigues des jours précédents, les unités, le 10 au matin, étaient en état physique et moral d'accomplir la mission de sacrifice qui allait leur être confiée. La période de détente qui augmenta encore la valeur combative et le bel esprit de la troupe, la remise en ordre, le ravitaillement dans la zone calme du rassemblement, purent se prolonger jusque vers le milieu de l'après-midi.

 

         Vers 15 heures, l'ordre de défense du secteur de l'Isle-Adam parvient aux chefs de corps qui procèdent aux reconnaissances.

 

         La défense est organisée. Il est constitué trois sous-secteurs :

 

         Le 8e R.T.M. tient la ville de l'Isle-Adam ; sa limite gauche (Sud) passant par la pointe sud de 1'I1e du Prieuré, sa limite droite (Nord) par le château de la Faisanderie.

         Le 221e R.I. occupe la partie sud de la ville et le terrain s'étendant au Sud de l'Isle-Adam jusqu'à Stors inclus.

         Le 60e R.I. (2e bataillon) occupe la zone comprise entre le château de la Faisanderie et le Kiosque (1,5 km. S.-O. de Mours). A la droite de la D.I. (N.-E.), vers Persan se trouve la 16e D.I.; à la gauche (S.-O.), vers Mériel, la 24e D.I.

         L'artillerie divisionnaire est répartie en divers groupements pour l'appui direct des trois régiments d'infanterie ou pour l'action d'ensemble dans le secteur de la D.I.

         Au cours de la bataille, certains groupements devront en plus fournir des tirs au profit de la 16e D.I., dans la région de Persan-Beaumont-Champagne.

         La mise en place des effectifs se fait entre 17 et 21 heures.

         L'ordre de la défense se résume dans la mission d'interdire le passage de l'Oise « sans esprit de recul ».

 

         Chacun est conscient de la gravité de l'heure : une immense et inflexible volonté d'arrêter l'ennemi anime tous les combattants. Dans les compagnies, si les hommes sont moins nombreux que douze jours auparavant, ils sont plus aguerris. Dès le soir, le terrain est organisé avec activité, les places de feux sont établies, contrôlées à tous les échelons du commandement, les liaisons prises. Les hommes creusent le sol, utilisent les obstacles, les blockhaus inachevés déjà existants sur la rive; ils réalisent un camouflage remarquable des armes qui étonnera l'adversaire.

 

         Le 10 à la nuit, les ponts sur l'Oise sautent, à l'exception du barrage-écluse non détruit par ordre d'une autorité supérieure à la Division.

 

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Barrage qui facilita la traversée de l'Oise aux troupes allemandes.

 

         Nuit calme, aucun contact avec l'ennemi.

 

       11 JUIN .

         La matinée du 11 est mise à profit pour perfectionner l'organisation défensive des quartiers, des PC, pour vérifier les liaisons entre les points d'appui ou avec les groupes d'artillerie.

 

         Passage des convois de réfugiés sur la route de Champagne, derrière eux l'ennemi s'approche.

 

         A 11 heures, premiers coups de feu échangés entre les défenseurs du sous-quartier N. (60e R.I.) et les éléments peu importants d'avant-garde ennemie.

 

         Dans l'après-midi, l'action se développe progressivement: les Allemands, fantassins ou éléments motorisés, se présentent plus nombreux sur la rive nord de l'Oise, surtout dans la zone entre Champagne et Parmain, devant le 60e R.I. Action brutale de nos armes automatiques qui infligent des pertes sérieuses à ces premières unités ennemies.

 

 

         L'artillerie allemande arrive rapidement, se met en batterie et commence à exécuter quelques bombardements systématiques sur la ville, la forêt, les voies de communication, les P.C. L'artillerie de la D.I. riposte et exécute avec beaucoup de précision les tirs de concentration demandés par l'infanterie sur les postes de la rive droite.

 

         Vers la fin de l'après-midi, les unités d'infanterie ennemie se présentent de plus en plus importantes et nombreuses sur les pentes, en particulier devant le 60e R.I. et le 21e R.I.. Le feu des F.-M. et des mitrailleuses joint aux tirs d'arrêt de l'artillerie amie bloque les fantassins allemands qui subissent des pertes très sévères constatées en particulier sur les pentes qui, de Champagne, descendent vers l'Oise où un bataillons est anéanti par le feu intense de la défense.

 

         Peu d'aviation ennemie, pas d'aviation amie.

 

         Un remaniement de front de la D.I. est envisagé : le front serait remonté en direction de Mours, le 21e passant a la droite du 60e (vers la ferme des Vanneaux) qui ne bougerait pas; le 8e R.T.M. passerait en réserve dans la région de Prérolles; le reste du secteur laissé par la D.I. serait pris dans la soirée ou la nuit par le 241e R.I.. On s'attend donc à la relève au plus tard pendant la nuit, mais celle-ci ne peut s'effectuer, l’unité relevante, pour une cause jusqu'ici inconnue, n'étant pas arrivée. Seul le 2e bataillon du 264e R.I. se présente, mais reste en arrière, à la hauteur de la ligne de soutien des sous-secteurs des trois régiments. Aucune désillusion parmi nos fantassins qui, ayant vu à l’œuvre l'artillerie divisionnaire et confiants dans la puissance de leurs organes de feu, éprouvent un sentiment de sécurité et de force.

 

         La nuit arrive mais aucun repos ne saurait être envisagé, puisque le contact a nettement été pris. Sur la rive gauche de l'Oise, chacun reste l'oreille aux aguets; les armes automatiques sont en position de tirs repérés; la confiance est générale; l'ennemi ne passera pas. Dans la nuit du 11 au 12, tirs fréquents de harcèlement de notre artillerie sur les lignes atteintes par les Allemands dans la région de Champagne-Jouy-le-Comte-Parmain.

 

         Le P.C. de la D.I. se porte à 19 heures au château de Maffliers.

   

        12 JUIN .

 

         Dés 4 heures du matin, les batteries allemandes ouvrent un feu très violent; tout indique qu'il s'agit de tirs de préparation à une attaque d'infanterie en force en vue du franchissement de l'Oise. Toute la zone de la DI est pilonnée; les tirs massifs de l'artillerie allemande dureront sans interruption jusqu'à la nuit tombante. D'après les renseignements d'origine allemande, quinze groupes d'artillerie lourde et légère mènent cet ouragan de feu alors que la 13ème DI ne pouvait y opposer que 5 groupes réduits. Malgré les pertes, notre infanterie est cramponnée au sol, prête à arrêter l'adversaire dès qu'il tentera la traversée de la rivière.

 

         Notre artillerie, toujours aussi active, répond au tir adverse et exécute fidèlement, rapidement et avec précision, les tirs prévus et demandés par les commandants de sous-secteurs de régiment et de quartier de bataillon.

 

         Cependant, peu à peu, les fantassins allemands, utilisant boqueteaux et vergers, descendent les pentes Nord et Ouest de l'Oise et, au prix de lourdes pertes infligées par le feu de nos armes automatiques tirant à cadence rapide, garnissent la rive droite de l'Oise. Des tentatives de passage à la nage ou en bateaux pneumatiques ont lieu en fin de matinée et dans l'après-midi, tentatives appuyées par l'artillerie sous la forme de tirs directs appliqués principalement sur notre première ligne, ligne principale de résistance qui occupe dans les sous-secteurs de régiment la berge même de la rive gauche de la rivière. Les occupants de cette première ligne voient leur nombre diminuer; les trous individuels, les tranchées s'emplissent de cadavres et de blessés. On a l'impression de vivre dans un enfer; les liaisons téléphoniques sont rompues, puis rétablies sous le feu; les P.C., à certains moments, ont la pénible impression de se sentir en liaison incertaine avec les unités; les conditions du combat deviennent de plus en plus dures, mais la résistance ne fléchit pas et l'idée d'un repli n'est acceptée par personne.

 

        Pendant la plus grande partie de la journée, tous les essais de franchissement de vive force de l'Oise par les Allemands sont enrayés. Sur le front du 21e R.I., les armes automatiques ont été parfaitement camouflées et enterrées dans le sol même de la rive entre l'usine à gaz et les abords de Stors. Les extrémités des canons des F.-M. et des mitrailleuses, installés dans des sortes de puits, débouchent dans la berge à quelques centimètres du niveau de l'eau; les feux croisés de ces armes automatiques constituent une nappe infranchissable de projectiles au ras de la rivière, dès qu'un groupe ennemi tente de pousser une embarcation vers la rive gauche, il est mis hors de combat. Du fait de ces dispositions judicieuses, grâce surtout à la ténacité et au courage invincible des cadres et de la troupe des 1er et 2e bataillons du 21e R.I. pourtant décimés, aucun Allemand ne mettra le pied sur la rive Est dans ce sous-secteur.

 

        En fin d'après-midi, malheureusement, des infiltrations ennemies se produisent. Les Allemands utilisent le barrage-écluse non détruit (par ordre), prennent pied sur la rive gauche, s’étalent en direction du château de la Faisanderie, pénètrent lentement dans les lignes du sous-secteur du 8e R.T.M. Les unités de sous-secteur ont subi également de lourdes pertes; presque tous les cadres ont été, au cours de la journée, mis hors de combat; en certains points, il ne reste plus que des débris de sections qui plient sous le nombre sans cesse croissant des fantassins allemands. Le bruit se répand que la position défensive est enfoncée et que l'ennemi progresse sur la rive gauche de l'Oise. Mais le moral n'est pas atteint, l'esprit de défense à tout prix jusqu'au sacrifice est tel que personne, chefs et troupes, ne peut admettre cette incursion de l'ennemi sur la rive gauche alors que toute la journée il a échoué.

 

         Une contre-attaque est montée rapidement; elle est menée avec un cran magnifique par le capitaine Evain du 8e R.T.M. Celui-ci rassemble quelques groupes du 8e R.T.M. auxquels viennent se joindre quelques groupes envoyés par le 60e R.I. et des éléments du 264e R.I.; une section de mitrailleuses est constituée avec deux pièces récupérées sur le terrain. Ce groupement hétérogène mais plein d'allant s'organise avec rapidité, gagne une base de départ et d'un seul élan, appuyé par un tir d'artillerie et celui de mitrailleuses, progresse dépasse l'ex-P.C. avancé du bataillon du 8e R.T.M. reprend pied sur le terrain précédemment évacué, réoccupe la position. Les Allemands, devant cette brutale menée à vive allure, restent sur le terrain ou repassent rapidement de l'autre côté de l'Oise. Cette contre-attaque rapide et énergique nous a fait subir des pertes insignifiantes. La réaction ennemie se manifeste par un redoublement de ses bombardements, mais nulle part il n'ose plus tenter le passage de l'Oise.

 

        La 13e D.I. avait magnifiquement rempli sa mission.

 

        A la nuit, on constatait dans tel ou tel sous-quartier de compagnie que les effectifs étaient devenus squelettiques, que les cadres étaient gravement réduits, que les postes de secours regorgeaient de blessés, mais les Allemands avaient éprouvé la force de résistance des défenseurs, ils devaient reconnaître leur échec, alors que leurs forces très supérieures leur auraient permis sans doute de bousculer dans une dernière attaque les « survivants » de la 13e DI.

 

       A la nuit, l'ordre arrivait d'un nouveau repli. La 13e D.I. étant découverte à sa gauche (Mériel) devait se replier en direction de Paris et couvrir la capitale aux lisières Nord d'Enghien, de Saint-Gratien, de Deuil.

 

        L'idée de résistance dominait tellement dans les unités de la division, le succès de sa défense qui avait incontestablement interdit aux Allemands le passage de l'Oise devant le front tenu par la 13e D.I., avait tellement surexcité les énergies, que, de prime abord, personne ne voulait croire à l'exactitude de cet ordre de retraite. Au 8e R.T.M. un commandant de bataillon obstiné dans son idée de résistance à outrance se refusait à admettre qu’on abandonne l Oise et il se rendormit dans son P.C. attendant une confirmation. Le compte-rendu d'un commandant de quartier est, dans son laconisme et sa mauvaise humeur, magnifiquement éloquent : « Situation le 12 Juin à 22 heures : l'ennemi nous ayant tourné à gauche, nous recevons l'ordre d'un repli. Réaction : à tous les échelons, mécontentement ». Au 21e R.I., les deux commandants du premier échelon, ne voulant pas croire a un repli alors que 1’ennemi avait subi un échec, se faisaient répéter et confirmer le même ordre. Des hommes exprimaient au chef de corps leur volonté de ne pas abandonner un terrain qu'ils avaient si courageusement défendu.

 

        Malgré que l'infanterie de la 13e D.I. eut réussi à se maintenir sur la rive gauche de l'Oise, malgré l'insuccès des Allemands devant la ténacité des unités et la science des artilleurs, il fallut exécuter la marche en retraite vers le Sud.

 

         Les derniers éléments des régiments d'infanterie se rassemblèrent en bon ordre dans la nuit du 12 au 13, se remirent en route, la mort dans l'âme vers Enghien, décimés mais non vaincus. Nul ne les inquiéta. Un dernier poste, oublié par l'agent de liaison chargé de la diffusion de l'ordre, ne se rendit compte de la situation que vers 5 heures le 13 au matin en voyant soudain des fantassins allemands à une courte distance de lui; habilement, il réussit à se décrocher et à rejoindre son unité.

 

        Des documents ennemis peuvent servir de conclusion à cet aperçu de la défense réalisée à l'Isle-Adam par la 13e D.I.

 

         Le reporter militaire allemand du poste radio de Zeemen disait, à l'occasion de ces combats sur l'Oise : « Nos troupes se sont trouvées devant des troupes françaises qui ont opposé une forte résistance à notre avance. Nous nous sommes trouvés devant une artillerie dont le tir s'est révélé d'une précision étonnante. Il y avait là une armée d'élite. »

 

        Dans une revue militaire allemande, un officier appartenant à la division de Haute-silésie engagée devant l'Isle-Adam, déclarait le 21/6/41 : « L'adversaire résistait héroïquement et repoussait du matin du 12 Juin jusqu'au soir chacun de nos essais de passer l'Oise».

 

         La division de Haute-silésie éprouvait à ce point décisif le jour le plus dur et le plus honorable de la guerre en rencontrant un adversaire qui, se battant avec le courage du désespoir, était résolu à risquer le tout pour le tout et luttait littéralement pour chaque trou de tirailleur, chaque emplacement de tir, et chaque haie...

 

         Le tir furieux des mitrailleuses et les canons dont les « nids » étaient introuvables nous éprouvaient beaucoup…

 

         La division a compris dans ces heures terribles toute la valeur de l'art du camouflage que le Français comprend parfaitement.

                

                Il est un autre document. C'est celui paru dans le journal allemand Der Vormarsch (L’avance) du 21 Juin 1940 :

Le Général décharge un bunker

Un tas de pierres à chaux d'aspect inoffensif

se déclarait un dangereux nid de résistance.

 

         Entre Parmain et Champagne, notre division de Haute-Silésie se trouvait vis-à-vis de la 85ème division africaine et des restes de la 13ème division et essayait de percer la dernière ligne de résistance française avant Paris, sur l'Oise. Trois régiments de tirailleurs attaquaient côte à côte. Le centre de notre possession était le village de Jouy-le-Comte, sur la pente nord de l'Oise, pendant que les Français avaient comme centre la petite ville de l'Isle-Adam. L'adversaire résistait héroïquement et repoussait du matin du 12 juin jusqu'au soir chaque essai de passer l'Oise.        

 

         La division de la Haute-silésie éprouvait à ce point décisif le jour le plus dur et le plus honorable de la guerre jusqu'alors, en rencontrant un adversaire qui, se battant avec le courage du désespoir, était résolu à risquer le tout pour le tout et luttait littéralement pour chaque trou de tirailleur, chaque bunker et chaque haie. Plusieurs fois, le commandant de la division s'arrêtait avant les positions de l'avant-garde de sa propre infanterie pour chercher lut-même une possibilité d'accélérer l'avance.

 

         Surtout le tir furieux des mitrailleuses et des canons légers, dont les nids étaient introuvables, nous éprouvait beaucoup. La division a compris dans ces heures terribles toute la valeur de l'art du camouflage que le Français comprend parfaitement, et pas seulement sur l'Oise.

 

         A l'autre rive, sur la digue, se trouvait un haut tas de pierres, de la chaux blanche, comme il y en a en mille endroits des fleuves français. Une véritable montagne de trois ou quatre mètres de hauteur, chaque œil s’attardait la un moment, sans remarquer quelque chose de louche. Qu'est-ce qu'il pouvait dissimuler ce tas de pierres blanches qui sautait aux yeux et offrait un but facile? Et pourtant ce maudit tas nous a fait beaucoup de chagrin : il contenait un bunker de béton, parfaitement achevé, avec trois Marocains qui avaient toute facilité pour nous tirer sur la tête. Notre commandant les découvrait enfin.

 

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Bloc pour mitrailleuse établi le long de l'Oise dont l'action

gênera considérablement la traversée du fleuve par les allemands.

 

 

         Il fait apporter deux canons Pack dans la première position, et dirigeait lui-même le tir. Déjà les premiers obus faisaient leur oeuvre: une légère fumée bleue se levait et la garnison du bunker ne donnait plus signe de vie. A peine une minute plus tard l'artillerie française tirait sur l'endroit des canons Pack, mais ceux-là avaient changé de position, couverts par le feu des mitrailleuses et des fusils, comme ils l'avaient fait depuis des mois. Lorsque tard dans la soirée, les Français tombés dans l'herbe verte des rives recevaient notre infanterie avançante, le tas blanc éclairait dans la pénombre comme un poteau vers l'Isle-Adam, que nous savions, par ouie-dire un rendiez vous du Paris qui s'amuse et qui, grâce à  l'héroïsme de chaque homme et de chaque officier de notre division. permettait l'élan vers Paris ». Signé : Kurt Weher.  

 

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        Nous voulons que ce blockhaus, dont les murs ont été imprégnés du sang de quelques-uns de ces braves, devienne dépositaire des noms des unités qui furent aux prises, ici, avec l'ennemi et aussi des noms des cent douze soldats qui succombèrent. Nous voulons qu'à côté de lui s'élève un monument digne du courage de tous.

 

         Que le blockhaus soit pour tous, présents et à venir, le Temple de l'Exemple.

 

         Que le monument devienne une page impérissable d'histoire, et en pensant à Ceux qui, plus tard, y liront leurs beaux noms, laissez moi vous citer ces vers d'Edmond Rostand :

 

         Oh .' que leur nom à voix basse

         Quand on passe

         Toujours lu sur ce fronton

         A chacun donne l'envie

         D'une vie

         Digne de la mort qu'ils ont.

         Alors qu'en baissant la tête

         On répète

         La formule à haute voix,

         Qu'en se frappant la poitrine

         On s'incline

         Et les yeux fermés trois fois

         Humblement comme l'adepte

         Qui n'accepte

         Le sang du Dieu qu'à genoux

         Trois fois, tout bas, comme on prie

         On s’écrie

         Mort pour nous, pour nous, pour nous !

 

         Docteur Louis Senlecq.

         Président du Comité.  

 

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\Combat31.jpg

  Le monument qui sera érigé pour commémorer les combats des 11, 12 et 13 juin 1940.

         

         Après la bataille, les Français partis en hâte en direction de Paris n'avaient pas eu le temps d'enterrer leurs morts.

 

         Les Allemands n'ont fait que traverser le pays; certains éléments y ont séjourné une nuit, mais le gros de l'armée s'est mis de suite à la poursuite de nos troupes. Et le soin de donner une sépulture à nos braves soldats fut dévolu aux habitants restés dans leur maison ou revenus très vite après un court exode. Vous me permettrez de vous citer les noms de ceux qui, avec un grand courage, sous la direction de MM. Ducrocq et Blanchot, ont donné une sépulture à ces 112 soldats.

 

MM.

Alardie, maire-adjoint,

Blanchot André,

Chatelain Jean-Louis,

Ducrocq Gérard,

Dusautoîs Albert,

Fouquet Gilbert,

Fournaise Paul,

Gohard Julien,

Landron Lucien,

Lebœuf René,

Lèchevin Roger,

Montgaudon Père,

Thierry Alexandre,

Vannier René,

Verbeck Paul,

 

MMmes

Ducrocq,

Fournaise.

 

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         ACTION DU De BATAILLON DU 264e R.I. AU COURS DES COMBATS

 

         Le 264, R. I. stationné dans la forêt de Carnelle le l0 Juin l 940, s'est rendu le 11 Juin, après midi, à l’Isle-Adam, pour y assurer la relève du 8e R .T.M.

 

        Au cours de la journée du 12 juin l'ennemi a exercé une forte pression sur les positions tenues par cette unité et les unités voisines. L'artillerie de campagne en position sur les hauteurs de Presles et Neuville renseignée par nos éléments d’observation et secondée par les feux de mortiers de 8l , a effectué un tir de barrage d’une violence sans précédent. La Section de Mortiers de 81 de la C. A. B. 2 du 264e R. I. en position dans le parc du Château Manchez et composée de 14 hommes sous les ordres de l’Aspirant Wesnachter fut totalement anéantie à l’exception de leur chef .

 

        Vers l6 heures l'ennemi avait réussi à s'infiltrer sur l'île de la Dérivation, faisant prisonniers les unités du 264e R. I. commandées par le Lieutenant Merle. Vers 22 heures, l'ordre de reprendre la position est donné.

 

         La violence des bombardements allemands avaient fortement réduit les unités. Aussi la contre-attaque est-elle déclenchée avec des effectifs restreints composés de gradés de la C. A. B. 2 du 264e R. I. sous le commandement du Lieutenant Roncheux et d'une section de Voltigeurs commandée par l'aspirant Bassompierre.

 

        Ces éléments reprennent les positions vers 23 heures pour les abandonner sur ordre le 13 juin à 1 heure 30 avec position de repli (Gennevilliers).

 

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