Description : Description : Description : Description : http://lignechauvineau.free.fr/Gif/francec.gif   LA LIGNE CHAUVINEAU   Description : Description : Description : Description : http://lignechauvineau.free.fr/Gif/francec.gif

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LES COMBATS SUR LA LIGNE CHAUVINEAU  

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             LA "CAMPAGNE DE FRANCE" :

                A partir du 19 mai 1940, le général Weygand est désigné pour remplacer le général Gamelin. Celui-ci, basé en Syrie, ignore tout de la situation sur le terrain. Cependant, dès le 28 mai, devant la progression rapide des troupes allemandes, il décide de constituer, à la hâte, une nouvelle ligne de résistance de Montmédy à l'Est jusqu'à l'embouchure de la Somme à l'Ouest en suivant les cours de l'Aisne, du canal de l'Ailette, celui de Saint-Quentin et le plateau de la vallée de la Somme. Les 5 et 6 juin, l'assaut allemand reprend entre Amiens et Abbeville.

                    Le 8 juin 1940, le général Héring, gouverneur militaire de Paris, est nommé commandant de l’Armée de Paris avec comme mission la défense de la capitale. L’Armée de Paris reçoit le renfort des restes du 10ème Corps (général Grandsart) qui s’est battu sur la Somme, du 25ème Corps du général Audet qui couvre le repli depuis Beauvais et Clermont jusqu’à l’Oise et de la 84ème DIA (Division d’Afrique) (général Goubaux) qui garde les points de passage.

                    Rommel atteint les Andelys le 9, pendant ce temps les chars de Gudérian atteignent Reims. Le général de Gaulle, sous-secrétaire d’Etat à la guerre décide le repli des ministères.

                     Le 10 juin, Paul Reynaud quitte la capitale.

                    Le 12, le front n'est plus qu'une suite de points de contact tenus par des troupes épuisées. Il s'étire de la Seine au confluent de  l'Oise, suit cette dernière jusqu'à l'Ourcq, puis longe la Marne et se relie à Montmédy par l'Argonne.

                    « La pression ennemie, déclare ce jour là le général Weygand dans une note au président du conseil Paul Reynaud, nous a obligés à de constants reculs, de plus en plus importants. La dernière ligne de résistance sera celle de la basse Seine, de l'Oise et de la Marne…La rupture définitive de nos défenses actuelles peut survenir à tout moment, soit devant Paris, en Normandie ou en Champagne. Si pareille éventualité se produisait, les armées continueraient à lutter jusqu'à l'épuisement complet de leurs moyens. Mais leur rupture ne serait plus qu'une question de temps ».

                    Il indique également au général Héring que Paris sera déclaré « Ville ouverte ».

                Dans la nuit du 12 au 13 juin, l’Armée Héring gagne la forêt de Rambouillet. Le champ est désormais libre pour l’arrivée des allemands à Paris.

                   Voyons maintenant le détail des opérations sur la ligne Chauvineau :

             JOURNÉE DU 8 JUIN 1940 :

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                Opérations sur l’ensemble du front :

                La totalité des forces Françaises est engagée dans la bataille. A l’Ouest, les allemands, qui ont pris le contact avec la Xème armée repliée à Forges-les-Eaux, poursuivent leur avance et dans l’après-midi, les chars débouchent de la forêt de Bray et poussent vers Rouen. A l’Est, le cours de l’Aisne est aux mains de l’ennemi de part et d’autre de Soissons, entre Vic-sur-Aisne et Vailly-sur-Aisne sur un front de 30 km.

                    Cette double avance oblige à envisager le repli général de tout le IIIème Groupe d’Armées. L’instruction n° 113 précise qu’après s’être appuyé sur la coupure formée par les 2 cours d’eau de la Béthune et de l’ Andelle à l’Ouest, sur la position Beauvais – Clermont – Forêt de Compiègne au centre, les troupes Française prendront position sur la ligne Basse Seine – position de Paris – l’Ourcq.

                    Pour livrer la suprême bataille, la bataille de « Paris », le général Weygand ramène toutes les troupes disponibles et il donne l’ordre au général Georges de replier le GQG de la Ferté-sous-Jouarre  en direction de Briare.

                Opérations sur la ligne Chauvineau :

                La journée du 8 juin est marquée par l’arrivée des premières troupes en repli. La 84ème DIA (Division d’Infanterie d’Afrique) prend position le long de l’Oise. Son commandant, le général de brigade Ardant du Picq est tué durant cette journée. Il sera remplacé le lendemain par le général de brigade Goubaux.

                    A midi, la situation de la division est la suivante :

                    Le 4ème régiment de Tirailleurs Tunisiens (4ème RTT) prend position sur l’Oise à Méry-sur-Oise, le 8ème RTT de Mériel à Royaumont, renforcés par quelques éléments disparates qui ont rejoint la division. Celle-ci  ne possède plus d’artillerie notamment ses pièces de 75 et de 155C, ni génie, ni transmission ou service. Seule une batterie de 47mm AC et une batterie de 25mm AC accompagnent encore la division. Mouvement du I/4° RTT sur Septeuil (13 km de Mantes).

             JOURNÉE DU 9 JUIN 1940 :

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                Opérations sur l’ensemble du front :

                Ordre du jour du général Weygand : « se battre sans esprit de recul ».

                    La ligne de défense est occupée, au centre, par l’Armée de Paris et la VIIème Armée du général Frère encore organisées, mais encadrées par 2 armées disloquées, les VIème (général Touchon) et Xème (général Altmayer) Armées. L’ennemi développe ses avantages sur les 2 ailes. La Basse Seine, qui n’est défendue que par des barrages établis avec les moyens locaux de la 3ème région militaire, est atteinte par les premiers détachements ennemis. La VIIème Armée réussi à décrocher ses unités envoyées à l’Ouest de l’Oise et à les replier le long de la rivière, entre le confluent de la Nonette et Compiègne. A droite, la VIème Armée est en position sur la ligne Villers-Cotterêts – Fismes – l’Aisne. L’ennemi parvient à traverser l’Aisne à Pontavert.

                    Sur le front de la IVème Armée, l’ennemi déclenche une violente offensive à partir du plateau de Craonne. A 5 heures, après une intense préparation d’artillerie appuyée par l’aviation, l’attaque se prononce de part et d’autre de Rethel. L’ennemi parvient à établir une tête de pont au Sud de l’Aisne vers Château-Porcien.

                Opérations sur la ligne Chauvineau :

                Poursuite du repli des troupes françaises.

                    La 13ème DI (général Desmazes jusqu’au 14 mai puis général Baudoin) se replie en cours de journée derrière le Thérain puis sur l’Oise à L’Isle-Adam. Le 21ème RI se déploie au Sud de L’Isle-Adam, le 8ème RTM et le 60ème RI au Nord jusqu’à Mours en liaison avec la 16ème DI.

                    La défense de la rivière, sur la rive Sud, s’avère difficile. Tout l’intérieur des couverts est aménagé pour retarder au maximum toute progression : barricades, fossés, etc.

                    Vers 16 heures, la 16ème DI (général de division Juin) aux moyens très réduits se met en place dans le secteur Mours - Noisy-sur-Oise. Elle est appuyé à l’Est par la 24ème DI (général de brigade Voirin) réduite à environ 400 hommes venant par Pont-Sainte-Maxence (ou elle fait sauter le pont sur l’Oise et abandonne son matériel lourd sur la rive Nord), puis par Verberie et La Croix Saint Ouen. Elle se regroupe en forêt du Lys avec mission de défendre les passages de l’Oise de Bruyères à Boran.

                    Regroupement de la 19ème DI (général de brigade Lenclud) en forêt de Halatte.

                    Au Nord Est de la ligne de Défense, la 57ème DI (général Texier) se met en place avec mission de tenir la ligne Crépy-en-Valois, Levignen, cours de la Grivette, cours de l’Ourcq en aval de Neufchelles en liaison à l’Ouest avec la 3ème DLI, aile droite de la VIIème armée et à l’Est avec la 41ème DI, aile gauche de la VIème armée. Le 8ème GRDI se met en position défensive sur la ligne Levignen – Bois du Roi.  

 

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Situation des armées française et allemandes dans le secteur de L'Isle-Adam.

             JOURNÉE DU 10 JUIN 1940 :

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                    Opérations sur l’ensemble du front :

                « Le 10 juin fut une journée d’agonie. Le gouvernement devait quitter Paris le soir. Le recul du front s’accélérait. L’Italie déclarait la guerre. Désormais, l’évidence de l’effondrement s’imposait à tous les esprits » note le général de Gaulle dans ses Mémoires de Guerre (L’appel 1940-1942).

                    Sur la Basse Seine, l’ennemi franchi le fleuve sur un pont de bateaux à Elboeuf et occupe Louviers. Au centre, il enlève Villers-Cotterêts et passe l’Ourcq. Les chars allemands poursuivent leur progression jusqu’à Château-Thierry. La ligne de l’Aisne est tournée et doit être abandonnée de Berry-au-Bac à Neufchâtel-sur-Aisne. La IVème armée est, de ce fait, obligée de se replier sur la ligne Reims – Sommepy.

                Opérations sur la ligne Chauvineau (secteur Ouest) :

                Au matin du 10 juin, les éléments du VIIIe Armeekorps comprenant les 8e ID et 28e ID reprennent leur progression vers le Sud. La 8e ID sera particulièrement concernée par les combats lors des tentatives de franchissement de l’Oise dans le secteur de L’Isle-Adam. Cette unité, composée des 28e IR, 38e IR, 84e IR et commandée par le général Rudolf Koch-Erpach, participa aux combats en Pologne et lorsque le 10 mai, la Wehrmacht est passée à l’offensive en Belgique, elle franchit la Meuse à Yvoir (au Nord de Dinan) alors que la 28e ID la franchissait près d’Annevoie.

                    A 6 heures 30, la progression de la 8e ID débute en direction de L’Isle-Adam avec en tête le 28e IR suivit par les 38e et 84e IR. Les éléments motorisés d’avant-garde du « Groupe Waßmuth » (commandant le 8e PzJgAbt) atteignent vers 10 heures la lisière Nord de la forêt de Hez entre la Neuville-en-Hez et Clermont ou ils sont accrochés par quelques blindés français. Après de brefs combats, ceux-ci se replient permettant la poursuite de la progression allemande par Hondainville en direction du Sud.

                    Côté français, la 13ème DI continue à se regrouper derrière L’Isle-Adam dont les ponts sur l’Oise sautent entre 21h30 et 21h45. Mais l’ordre impératif de ne pas détruire le barrage-écluse malgré les demandes incessantes du général Baudoin aura un effet décisif lors des prochaines heures. Le haut-commandement craignait que la destruction de cet ouvrage n’abaisse le niveau de l’Oise et ne facilite sa traversée en amont.

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Barrage-écluse à L'Isle-Adam dont le Haut-commandement Français refusa la destruction à l'approche des troupes allemandes. (Photo de l'auteur)

                    Poursuite de l’organisation du secteur appuyée à l’Est par la 16ème DI. Des pièces isolées de 75mm sont placées au bord même de l’Oise, pour barrer la rivière. L’une de ces pièces, commandée par le sous-lieutenant Le Rosbois, joua un rôle particulièrement efficace durant la bataille. La division est rejoint par les restes de la 24ème DI qui prend position entre L’Isle-Adam et Beaumont-sur-Oise.

                    Après son regroupement en forêt de Halatte, la 19ème DI s’installe à Boran afin d’en défendre les passages sur l’Oise, puis prend position le long de la Nonette entre Boran et Chantilly.

                    Ce même jour, repli de la 85ème DIA (général de division Wemaere). En fin de matinée, après son passage, destruction des ponts des voies ferrées d’Epluches, de Conflans-Sainte-Honorine et de Pontoise. A 15 heures, après la fin des mouvements des arrières gardes, destruction des ponts d’Auvers-sur-Oise, de Pontoise, de Cergy, de Triel et de Neuville-sur-Oise. En fin de journée, le dispositif de la division est le suivant : à gauche le 11ème RTA, au centre le 3ème régiment de Zouaves, à droite le 19ème RTA avec en soutien le 8ème RTT de la 84ème DI.

                    Repli également de la 4ème DIC (général De Bazelaire de Rupière) après l’échec de sa tentative de percée à Angivilliers qui se solda par de lourdes pertes et la capture de la plus grande partie de son infanterie. Malgré tout, quelques petits groupes parviennent à se regrouper entre Beaumont-sur-Oise et Boran. La division peut encore compter sur le 2ème RIC avec 200 ou 300 hommes, le 16ème RTS avec 300 à 400 hommes, le 24ème RTS avec 100 hommes, quelques éléments d’artillerie avec le II/12ème RAC presque au complet, la 16ème batterie du V/212ème RAC, le VI/212ème RAC, le III/351ème RALP, le III/306ème RAP et enfin le GRDI avec environ 9/10° de son potentiel.

                    En fin de matinée, les sorties Sud-Est de Beauvais sont tenues par les chars allemands qui commencent à progresser lentement vers Beaumont-sur-Oise.

                Opérations sur la ligne Chauvineau (secteur Est) :

                   Devant la pression allemande, la 11ème DI (général Arlabosse), surnommée la Division de Fer, après des combats acharnés ou elle s’opposa pendant plus de 6 jours aux tentatives ennemis de pénétration, d’abord dans la vallée de l’Aisne, puis sur l’axe Villers-Cotterêts – Crépy-en-Valois, décroche vers 18 heures de ses positions sur l’Oise et l’Aisne pour gagner le secteur Ormoy-Villers, Rouville, Rosières[1][1] et Droizelles.

                    Sur le secteur Nord Est, la 57ème DI consolide ses positions. Le 235ème RI tient la ligne Ormoy-Villers – RouvilleLevignen, la 8ème Demi-Brigade de Chasseurs à Pied la ligne MacquelinesBetzAntilly, la 1ère compagnie du 260ème RI avec le 62ème GRDI la ligne BoullarreNeufchelles – Rouvres. Dans l’après midi, liaison avec la 239ème DLI à l’Est qui se met en place le long de l’Ourcq entre Varinfroy et Lizy-sur-Ourcq, avec la 3ème DLI à Crépy-en-Valois et avec la 41ème DI à Neufchelles

                    Les premiers éléments allemands viennent au contact vers Mareuil-sur-Ourcq. L’ordre est donné par la VIIème armée de faire sauter les ponts sur l’Ourcq de Mareuil à Lizy-sur-Ourcq. En fin de soirée, les allemands déclenchent une vive attaque sur Crépy-en-Valois obligeant un repli prématuré des éléments du 140ème RI. La 2ème compagnie du I/235ème RI est encerclé et capturé.

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 Le général ARLABOSSE en janvier 1940. Photo extraite de l'ouvrage "La Division de Fer dans la Bataille de France". (DR)

             JOURNÉE DU 11 JUIN 1940 :

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                Opérations sur l’ensemble du front :

                Attaque et prise de Reims par les allemands. L’ennemi atteint Montmirail.

                    Le Général Weygand donne l’instruction suivante au Général Georges:  « Si le front Basse Seine – position de Paris – Marne est disloqué, il faut couvrir le cœur du pays et conserver le plus grand nombre possible de grandes unités (…). Le but est de regrouper les armées sur la ligne générale Caen – Tours – Loire moyenne – Dijon – Dôle ».

                    Les chars et l’artillerie allemandes franchissent la Basse Seine.

                Opérations sur la ligne Chauvineau (secteur Ouest) :

                A l’aube de cette journée, le dispositif français en place est le suivant :

                    A l’Ouest de la ligne de défense, la 85ème DIA continue à aménager ses points d’appui. Des reconnaissances ennemies sont signalées devant le 11ème RTA à Gency et au Nord d’Evecquemont.

                    La 84ème DIA signale des mouvements ennemis devant les positions du 4ème RTT.

                    Le secteur compris entre L’Isle-Adam et Boran est tenu par le 1er CA comprenant la 16ème DI, la 4ème DIC et la 13ème DI qui continue ses travaux d’organisation sur la rive Sud de l’Oise entre Stor et le kiosque près de Mours avec comme principal effort défensif l’axe Parmain - L’Isle-Adam. La 24ème DI est maintenu en réserve.

                   Côté allemand, le VIIIe Armeekorps reçoit la mission de progresser le long de l’axe Clermont – Beaumont et de préparer pour le 12 juin une attaque sur l’Oise. Dès l’aube, la progression de la 8e ID reprend et à 5 heures du matin les 38e IR à droite et 28e IR à gauche franchissent la route Bresles – Clermont.

                    Vu de l’intérieur, l’avance semble s’effectuer sans problème comme le confirme le témoignage d’un soldat allemand de la division :

                    « Nous avons marché pendant toute la journée. Nous avons démarré depuis 4 heures ou 5 heures du matin. Mais déjà la matinée précédente, le soleil nous a brûlé, et nous marchons sous une forte chaleur. Nos hommes pestent contre les Français qui ne plantent aucun arbre le long des routes… La nuit, nous campons à Hatton dans une grande clairière. A 3 heures 45, nous repartons. Nous avançons vers les dernières lignes de défense que le général  Weygand a établi pour la protection de la capitale. Quelque part des réservoirs d’essence sont en feu . Sur des kilomètres carrés, l’air se remplit de fumée grasse, au milieu de la journée, il fera très sombre, comme dans la nuit. Pendant des heures, nous marchons dans une obscurité surnaturelle jusqu’à ce que nous respirions enfin de l’air à nouveau pur. Direction de progression : Paris !. Nous ramassons des branches fleurissant dans les pâtures et décorons nos chevaux avec des roses. Progression Paris !. Malgré la chaleur et la marche fatigante, la troupe est d’humeur joyeuse… ».

                En même temps, le « Groupe Waßmuth » protègent les passages à Hermes et Villers-St-Sépulcre. A partir de midi, les reconnaissances montrent que seuls quelques éléments d’arrière-garde français subsistent encore sur la rive Nord de l’Oise. A 13 heures, le 38e IR avec son avant-garde constitué par le III.Btl atteint le village de Ronquerolles à environ 6 km au Nord de L’Isle-Adam.

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Groupe de combat équipé d'une mitrailleuse Hotchkiss en position durant la campagne de France. (Collection de l'auteur)

                Le général Koch-Erpach prend alors la décision, par une attaque surprise, de forcer le passage sur l’Oise le jour même. En début d’après-midi, le commandant du 38e IR ordonne à son bataillon de tête d’envoyer des éclaireurs le long de l’Oise afin de vérifier si les Français défendent la rivière, si des armes lourdes peuvent être mis en position et si, par un coup de main, il est possible d’établir une tête de pont sur la rive opposée. Les reconnaissances, à la recherche d’un lieu de passage convenable à Parmain et entre Champagne-sur-Oise et Bruyères-sur-Oise, rencontrent une forte résistance depuis les rives Sud de l’Oise de la part de la 16ème DI. De plus la configuration du fleuve avec des berges escarpées au Nord rendent l’approche encore plus difficile et le terrain descendant vers l‘Oise en pente douce est entièrement battu par les armes automatiques françaises dont les emplacements, parfaitement camouflés, restent invisibles aux yeux des allemands. A Champagne-sur-Oise, ils sont arrêtés par les feux meurtriers du 60ème RI appuyé par l’artillerie et y subissent des pertes importantes.

                    Les comptes rendus des reconnaissances montrent qu’un coup de main n’a aucune chance de réussir. Le commandant du 38e IR en informe le général Koch-Erpach. A 17 heures, la décision est prise par le général commandant la division de reporter l’attaque pour le lendemain.

                    Les allemands mettent à profit la fin de l’après-midi pour prendre position en vue de l’attaque du lendemain. Toute leur artillerie divisionnaire se met en place et vers 16 heures, elle commence ses tirs sur L’Isle-Adam, les routes, les carrefours et tous les points sensibles de la rive Sud. Pendant ce temps, le 8e Pionier-Bataillon prépare le matériel de franchissement en regroupant 15 bateaux et 35 canots pneumatiques.

                    De son côté, la 28e ID tente également de franchir l’Oise à la hauteur de Boran mais ils sont repoussés par des éléments de la 19ème DI. Malgré cet échec, l’ennemi parviendra à s’infiltrer au cours de la nuit dans les bois au Sud de l’Oise entre Boran et Précy-sur-Oise.

                    Au Nord, le long de la Nonette, installation de la 19ème DI entre l’Oise et Chantilly et de la 29ème DI (général de division Gerodias) entre Chantilly à Senlis. Le sous-secteur Ouest de Chantilly jusqu’à Avilly est tenu par le 3ème RIA, le sous-secteur Est d’Avilly à Senlis étant tenu par le 24ème BCA et le 34ème GRDI.

                    A partir de 11 heures, tentatives d’infiltrations ennemies, particulièrement à Chantilly, Saint-Léonard et au Sud de Senlis. Malgré une forte pression allemande, le front se maintient le long de la Nonette.

                    La 47ème DI (général de brigade Mendras) après un mouvement de nuit en provenance de Pont Sainte Maxence atteint la Nonette à l’Est de Senlis et ses unités prennent positions selon le dispositif suivant : le groupement Marchand à l’Ouest de la maison forestière de la Muette en liaison avec la 29ème DI, le groupement Casteljau à 1 km au Sud Est de Borest et le groupement Doublet à l’Est de Châalis. A partir de 7 heures du matin, la poussée allemande s’exerce devant le groupement Marchand sur l’axe Senlis - Pontarmé. Le groupement est renforcé en cours de journée par le 35ème GRDI. En fin de journée, la résistance se maintient près du terrain de manœuvre de Senlis et aux lisières de Pontarmé malgré des pertes importantes dans le groupement Marchand. Celui-ci reçoit le soutien d’une compagnie de chars R35 et d’une compagnie de chasseurs portés de la 1ère DCR. Au cours de la nuit, l’ennemi accentue sa pression sur ce groupement.

                Opérations sur la ligne Chauvineau (secteur Est) :

                En repli au cours de la nuit par tous les itinéraires disponibles, les 11ème et 87ème DI rejoignent leurs positions sur la ligne de défense dans la matinée encadrées par les 7ème DINA et 3ème DLI. Ils trouvent sur place quelques éléments épars de l’armée de Paris dont des artilleurs de marine qui sont intégrés au dispositif de la division. La 87ème DI se porte en réserve dans la région Nord d’Etrepailly.

                    Arrivé à Ormoy-Villers à l’aube avec les 8ème et 30ème BCP de la première demi-brigade de chasseurs de la 11ème division, après une marche de nuit de plus de 30 km depuis les rives de l’Aisne, par un itinéraire encombré et soumis au tir de harcèlement de l’artillerie allemande, le 61ème BCP reçoit, à midi, la mission de tenir « coûte que coûte », les bois d’Ormoy-Villers, sur un front de près de 3 km, à cheval sur la voie ferrée, en liaison à droite avec le 30ème BCP, qui prend position entre la gare d’Ormoy-Villers et la corne du bois à l’Est du village et à gauche avec le 26ème RI (l’un des régiments de la 11ème division) qui tient Rosières.

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Le général ARLABOSSE et l'Etat-major de la 11ème division en janvier 1940. Photo extraite de l'ouvrage "La Division de fer dans la Bataille de France". (DR)

                    Des éléments très disparates qui occupaient les lieux depuis une quinzaine de jours sont intégrés au dispositif. Il s’agit de deux petites unités d’infanterie rassemblées sur la côte 132 constituées d’une section de mitrailleuses de 13,2 mm contre avions du 132ème RI et d’une section de voltigeurs d’un groupement nord-africain commandé par l’aspirant Julien.

                    L’après midi est employée à renforcer les positions par des organisations de campagne. A peine les trois compagnies du 61ème BCP (la 2ème Compagnie – Cie Weil – à droite entre la voie ferrée et la route Ormoy-Villers - Nanteuil, la 3ème Compagnie – Cie Couturier – au centre dans le bois de l’Hermitage, la 1ère Compagnie – Cie Mabire – à gauche près de la côte 132) avaient-elles atteint les lisières du Bois de l’Hermitage et en avaient commencé l’organisation que les allemands, qui avaient franchis l’Aisne le matin même, et avaient poussés en avant des unités motorisées, déclenchent sur tout le front de la division, d’Ormoy-Villers à Rosières, un violent tir d’artillerie et de mortiers de tous calibres.

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                Simultanément des détachements d’infanterie tentent d’aborder les lignes françaises devant Ormoy-Villers, entre Ormoy-Villers et la voie ferrée et devant Rosières mais ils sont pris à partie à bonne distance par les F.M., les mitrailleuses et l’artillerie.

                    Les troupes allemandes qui font face ce jour là aux Français dans le secteur d’Ormoy-Villers appartiennent au 52ème IR, un des régiments composant la 4.ID commandé par le général Erik Hansen rattachée au IVe Armeekorps.

                    A droite, le 30ème BCP dont les derniers éléments arrivent vers 10 heures, prend position selon la disposition suivante : la 3ème compagnie (Cie Gambiez) à l’Est du village dans le bois jusqu’à la corne Nord de ce bois et la 2ème compagnie (Cie Roch), la partie Ouest du village et la gare. La gare est organisée en point d’appui et est occupée par la section Fournier avec un groupe de mitrailleuses et un canon de 25. La compagnie Bois (1ère Cie) occupe les carrefours au Sud de la voie ferrée et met une section en réserve. La section de 25 du lieutenant Fiévet est en renfort du bataillon dans Ormoy-Villers. Le PC du 30ème BCP se trouve dans le bois au Sud du château.

                    Dès le début de l’après-midi des éléments ennemis apparaissent vers Petits-Villers et aux lisières du bois du Petit-Hureau. Deux véhicules blindés allemandes viennent reconnaître la gare. Ceux-ci avancent avec prudence, reconnaissant l’emplacement de la défense ; ils en évaluent la puissance et repartent sans plus insister.

                    Vers 16 heures, l’ennemi représentant l’effectif d’un bataillon attaque la gare. La section de l’adjudant-chef Fournier déclenche brutalement un tir violent qui fait subir aux allemands des pertes très sérieuses et les stoppent instantanément. Simultanément, l’artillerie ennemie prend à partie le château d’eau au pied duquel se trouve le PC du capitaine et fait plusieurs blessés.

2 tombes provisoires allemandes – secteur d’Ormoy-Villers.

Dans la tombe de droite repose le corps du 1 Schütze Robert Rösler, appartenant à la compagnie d’Etat-Major du IIIème bataillon du 52ème Régiment d’Infanterie (4. Infanterie Division), tombé le 11 juin 1940 dans le secteur d’Ormoy-Villers. Son corps repose maintenant dans le cimetière allemand de Beauvais, bloc 3, rangée 12, tombe 506. (Photo et renseignements publiés avec l’aimable autorisation de Monsieur J. d’Orlando).

                    Au même moment, les allemands parviennent à s’infiltrer sur le flanc gauche de la section Fournier et atteignent le village. Le capitaine Méger, commandant le bataillon, décide de monter un coup de main pour dégager la section Fournier. Le groupe franc, renforcé de la section du sous-lieutenant Wallart (compagnie Bois) sous les ordre du lieutenant Godinot, est chargé de l’opération. Le groupe franc se heurte à une patrouille allemande dans le village. Au cours de l’accrochage, le lieutenant Godinot blesse mortellement le lieutenant allemand qui la commande. Un caporal et un soldat allemands sont faits prisonniers. La situation est rétablie.

                    Le corps de cet officier allemand fut retrouvé par les habitants du village après le retour d’évacuation de la population comme le rapporte le témoignage de monsieur Pellé :

                    « Le corps a été trouvé le torse nu, une alliance à la main droite, ayant aux pieds des bottes « fantaisies » avec des éperons, allongé sur une table dans l’entrée d’une maison du village, un pansement au côté droit ».

                    Conjointement, des attaques particulièrement violentes sont déclenchées sur Rosières où l’ennemi prend pied dans la localité et tente de s’infiltrer entre les 11ème et 7ème divisions. Le général Arlabosse ordonne alors une contre attaque pour réoccuper Rosières à la tombée de la nuit. Celle-ci sera menée par le 2ème bataillon du 26ème RI appuyée par quatre groupes d’artillerie. Cette opération réussira à l’heure fixée et la ligne de défense sera rétablie malgré une violente réaction de l’ennemi.

                Au cours de la nuit, l’artillerie française poursuit ses tirs de harcèlement. Vers 22 heures, profitant de l’obscurité totale, un char allemand s’avance jusqu’au canon de 25 en position devant la gare et mitraille les servants faisant un tué et deux blessés, dont le chef de pièce. Le sous-lieutenant De Poix, de la compagnie Gambiez, pousse une reconnaissance jusqu’à la ferme de Villers, qu’il constate fortement occupée par l’ennemi.

                    La 11ème DI a du faire face durant cette journée à une division fraîche ennemie et à fait quelques prisonniers mais au prix de pertes sensibles. Parmi les blessés, deux officiers sont gravement atteints : le lieutenant Guillot, officier de transmission du bataillon et le lieutenant Bresson de la 3ème compagnie du 61ème BCP ainsi que près de 23 chasseurs de cette même compagnie.

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                                Le témoignage du lieutenant Jean Deserable du 61ème BCP donne un vivant aperçu de ces terribles journées :

                « Le 61ème BCP s’était installé la veille sur la rive Sud de l’Aisne aux abords du pont du Franport. Le 10 juin à 14 heures, le bataillon reçoit l’ordre de décrocher immédiatement. Le point de rassemblement était situé près du carrefour de l’armistice et nous nous mettons immédiatement en marche vers le Sud. Nous avons marchés à travers les chemins de la forêt de Compiègne dans un ordre parfait. De temps en temps des avions forçaient la colonne à se disperser sous les couverts avoisinants et aussitôt la marche reprenait guidée en hâte par Weil dont l’éloge n’est plus à faire.

                    L’ennemi avait depuis 2 jours passé l’Aisne quelques kilomètres en avant de Compiègne et fonçait en direction de Crépy en Valois que ses avants gardes occupaient déjà. D’autre part, une autre colonne ennemie avait traversé l’Oise en amont du confluent Oise-Aisne et avançait en direction de Paris. Nous allions être pris dans une tenaille dont les 2 pinces allaient se raccorder à Crépy et qui n’étaient le 11 au petit matin qu’à 6 ou 7 km de distance . Il s’agissait pour le commandement français de faire passer les troupes dans cet étranglement en l’espace d’une nuit et il n’y avait qu’une toute petite route passant par Duvy et Ormoy-Villers.

                   Décrire l’enchevêtrement des colonnes d’artillerie, des combattants à pied, des véhicules de toutes sortes serait peine perdue et ce devait être peu de choses à côté des colonnes de réfugiés.

                    Les hommes de toutes natures et de toutes unités se mélangeaient, mais fidèle comme un chien à son maître, je suivais Weil, entraînant derrière moi mes mitrailleuses et les engins du bataillon auxquels s’était joint le mortier de la Demi-Brigade.

                   Un peu avant d’arriver à Duvy vers 2 heures 30, un tir de harcèlement arrose la route et fit accélérer le pas. Peu après, je rencontrais le chef de bataillon qui me remit une carte et me donna le point de destination. Le village de Duvy étant soumis à un tir d’artillerie efficace, flambait en maints endroits. La traversée fut faite au pas de course et à la sortie, ne trouvant plus Weil qui avait du prendre un autre chemin, je m’orientais et fonçais avec plus de 400 hommes en direction d’Ormoy. Je ne voulais pas perdre de temps ni me faire repérer car le jour était déjà levé.

                    J’arrivais à Ormoy à 7 heures, je trouvais le Commandant et Begel qui m’indiquèrent un emplacement de repos. C’était le petit bois à droite sur la route de Paris à 800 mètres au Sud du pays.

                Arrivés là, les conducteurs dételèrent, nous camouflons les voitures, les hommes mangèrent et se reposèrent. Je m’enroulais dans un couvre pieds et dormis 2 heures. A 10 heures, Marque (mon capitaine) vint me chercher et m’affecta à la 1ère compagnie (capitaine Mabire) et me dit d’aller reconnaître la côte 132. On sent que la journée va être décisive. Un brouillard noirâtre vient vers nous, nous enveloppe et s’épaissit. On entend tirer d’un peu partout. Des avions sillonnent le ciel, on ne les voit pas, et sur la route en direction de Paris, les convois se succèdent sans arrêt, attelages au trot, plusieurs files d’autos de front.

                    Giorgi (mon mécanicien auto) trouve abandonné un side-car Gnome Rhône 2 roues motrices en parfait état de marche, essence y compris et bourré de cigarettes anglaises et de lait condensé. Accompagné de mes 2 chefs de groupe, nous partons à 4 sur ce side-car qui marche merveilleusement. J’arrive à l’endroit prescrit, donne des ordres aux 2 chefs de groupe pour qu’ils reconnaissent le terrain et redescend au point de départ chercher la section.

                    Mes 2 chefs de groupe n’ont pas l’air très rassurés de me voir descendre. Le village de Rosières flambe et on entend des tirs d’armes automatiques devant nous et à notre gauche.

                    Le brouillard devient plus épais et plus noir, on ne sait s’il s’agit d’une attaque au gaz ou d’un rideau de fumée émis par les troupes françaises pour soustraire aux attaques aériennes les unités qui se replient et qui sont encore sur la route. On saura quelques jours plus tard que c’était des réservoirs d’essence que l’on avait incendiés.

                    Je retrouve ma section, fait décharger le matériel superflu, mon havre sac y compris qui a du être perdu là. Je préviens la compagnie Mabire, lui indique le chemin, rencontre Couturier et nous nous acheminons vers nos emplacements. Les hommes marchent gaiement bien que l’expédition n’ait pas l’air de leur sourire. Un seul s’est esquivé pendant que j’étais à la reconnaissance avec les chefs de groupe.

                    Aussitôt arrivé sur les lieux, les hommes creusent rapidement quelques éléments de tranchée qui seront bien utiles dans la soirée, mais surtout le lendemain. Quand le danger se fait sentir, la terre se remue comme par enchantement.

                    J’ai 8 mitrailleuses, 1 F.M., 1 canon de 25 et 1 de 47, mais peu de personnel. La 1ère compagnie ne m’a pas suivie. Je suis en place vers 12 heures et la compagnie de voltigeurs n’arrivera que vers 16 heures. Il me faut me défendre et interdire toute la plaine à gauche en direction de Rosières. 4 mitrailleuses battent avec hausses échelonnées et jusqu’à limite de portée le Nord du petit bois Carré. Sur notre gauche, 2 mitrailleuses tireront sur la lisière Ouest de la côte 132 et droit devant elles dans les prairies coupées de haies, enfin les 2 dernières dans le bois interdiront les 2 layons par lesquels l’ennemi peut déboucher. La liaison à droite est prise avec Julien, puis plus tard avec la 1ère compagnie. Je patrouille, je m’avance jusqu’à 500 mètres et ne trouve personne. Je m’en soucis peu car le terrain est découvert et on voit bien. Dans la soirée, une unité du 8ème BCP viendra s’y installer.

                Je n’ai aucun renseignement sur l’ennemi. J’ignore qu’une compagnie est en avant poste devant nous, erreur qui aurait pu être grave de conséquence, car cette compagnie se repliera vers 16 heures 30 et nous tirerons sur elle sans dommage heureusement.

                    Vers 16 heures, la 1ère compagnie arrive sur les lieux. Les hommes sont très fatigués par la marche de la nuit. Les sections sont très réduites, des hommes se sont perdus dans la colonne, ou exténués de fatigue, sont montés dans des véhicules divers et n’ont pas rejoint. L’effectif est inférieur à 100 hommes et le mortier de 60 qui aurait été si précieux n’est pas là. Nous n’avons aucune grenade, ni à main ni à fusil, nous avons du les jeter dans l’étang du Franport.

                    Le capitaine Mabire décide d’envoyer Lutz à 100 mètres environ au Nord du chemin sur les emplacements numérotés. Je vais avec lui reconnaître et il met en place sa section. La section Bastien se place à ma droite et la section Giraud à droite de cette dernière. La liaison entre Bastien et moi est parfaite.

                    La compagnie Mabire est à peine en place que le feu devient plus nourri et plus rapproché, je ne vois toujours rien. La plaine à l’Ouest est toujours calme, tout à l’air de se passer dans le bois. Devant nous toujours rien. Rien n’est plus désagréable que d’entendre tirer dans un bois et de ne rien voir.

                    Sur le front de la Sarre, nous avions fait des coupes dans le bois abattant arbres et taillis pour ménager des couloirs d’interdiction qui étaient battus par des armes automatiques. Ici rien de tel.

                   Tout à coup, on entend des hurlements de toutes sortes qui se joignent aux crépitements des mitrailleuses. La section Lutz recule au centre et vient s’installer sur le chemin provoquant un certain flottement. Bastien rétablit la situation. Des hommes courent le long de la lisière Ouest du bois. Une de mes mitrailleuses entre en action. C’est alors que l’on entend « Tirez pas, nous sommes Français ».  

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Objets divers trouvés dans les bois d'Ormoy-Villers après les combats.

               Une cinquantaine d’hommes du 26ème RI et 2 lieutenants apparaissent. Personne heureusement n’a été touché. Ils se mettent entièrement à ma disposition et me donnent le commandement du tout. Mes 2 mitrailleuses de lisière continuent à tirer, 2 autres à côté de moi tirent également. Deux hommes dont je reparlerai, Catella et Richard, simples Chasseurs l’un et l’autre commandent comme de vrais chefs. Je place à la hâte 4 F.M. pour ma défense rapprochée et je constate avec effroi que quelques hommes ont quitté leur poste. Un de mes sous-officiers avec sa pièce qui tirait sur le layon a démonté et s’est replié au Sud du chemin. Les marins également ont disparus, quelques cavaliers manquent à l’appel. J’apprend ou ils sont et je vais les chercher. L ‘assaut de l’ennemi paraît être arrêté car le bombardement reprend. Un cavalier est très grièvement blessé au thorax. On le couche dans la tranchée et on le panse sommairement. La situation se stabilise. Je prend liaison avec Bastien, nous coordonnons le plan de feu. Les 2 lieutenants du 26ème RI sont un peu déroutés, un calme relatif règne, quelques coups de feu par ci par là. Le bombardement a presque entièrement cessé. Je revois Bastien et nous décidons de prendre la liaison toutes les heures. Je vais près de chaque arme et donne les consignes de reconnaissance. Le jour tombe, une corvée de ravitaillement arrive avec du pain et des haricots verts qui sont froids, mais que l’on est heureux de se partager car l’effectif est de plus du double des rations.

                    La 1ère compagnie ne sait rien du bataillon. Je décide d’envoyer quelqu’un. Deux volontaires se présentent, Catella est volontaire pour descendre le cavalier blessé au PC du bataillon et prendre la liaison. Il fait un brancard en branche, rassemble les 2 ou 3 éclopés et se tient prêt.

                    Pendant ce temps, je discute avec Mabire qui ne sait que faire et les 2 lieutenants du 26ème RI. Nous sentons que la position n’est pas tenable et que si la situation paraît être rétablie, l’ennemi attaquera certainement le lendemain en force. C’est alors que je commet la faute de demander des ordres au chef de bataillon. Je lui expose la situation et je vais même jusqu’à solliciter de sa part un ordre de repli.

                   Un certain malaise collectif régnait à la nuit tombante. Nous avions l’air isolé au milieu du bois. Je ne sais comment la 1ère compagnie assurait les liaisons à sa droite, et rien n’est plus désagréable que de passer la nuit au contact, sans visibilité, sans réseau ni grenades. Vers 22 heures Catella revient du PC du bataillon portant la réponse à ma question indiscrète et que je n’aurais jamais du poser « Tenir coûte que coûte ». Le coin est de plus en plus calme. L’ennemi semble s’être replié. On entend un coup de feu mais il semble assez loin. Le village de Rosières brûle toujours. Le tour de garde est organisé, et je passe d’arme en arme, m’asseyant à la lisière pour écouter. Je ne dormis pas cette nuit là. Un peu avant minuit, un agent de transmission porteur d’un ordre écrit ordonne aux mitrailleuses du 235ème RI de se replier. Je trouve le fait un peu brutal, nous ne sommes déjà pas beaucoup, nous avons besoin de nous serrer les coudes pour tenir, mais enfin je les laisse démonter les pièces et charger leur matériel. C’est alors que Bastien, entendant du bruit, vient me voir et refuse de les laisser partir. C’est contraire à tous les règlements. Ils sont sous le commandement de notre compagnie et ils ne partiront que lorsqu’ils seront relevés ou que le commandant en aura donné l’ordre. Je me rallie à cette idée. Il n’est évidemment pas agréable de camper cette nuit là, mais Bastien est intransigeant, et les voitures redescendent à vide ».

                    Dans le secteur Est, la 41ème DI est obligée de se replier, découvrant le flanc Est de la 57ème DI et de la 239ème DLI. Dans l’après midi, sur ordre de la XXIVème CA, modification de la limite Ouest de la 57ème DI, ramenée d’Ormoy-Villers à Levignen. La division doit faire face à de sérieuses infiltrations ennemies sur l’axe Boullarre – Rouvres.

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Insigne de la 11ème division d'infanterie.

             JOURNÉE DU 12 JUIN 1940 :

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(cliquez sur le plan pour l'afficher en plein écran).

                Opérations sur l’ensemble du front :

                Le général Weygand donne l’ordre de retraite générale. Le dispositif comprend : à gauche la Xème Armée, au centre le IIIème Groupe d’Armées (Armée de Paris et VIIème Armée), à l’Est le IVème Groupe d’Armée et le IIème Groupe dans la région fortifiée du Nord Est. Le tracé du front est approximativement la ligne : le Havre – Rouen – Gisors – Senlis – Château Thierry – Nord d’Epernay – Vouziers – Montmédy – ligne maginot.

                Opérations sur la ligne Chauvineau (secteur Ouest) :

                Sur le secteur Ouest, la 85ème DIA subit des tirs d’artillerie et doit faire face à des tentatives d’infiltration dans le secteurs du 11ème RTA vers Boisemont. L’ennemi est également au contact sur l’Oise devant le 19ème RTA.

                    Dans le secteur de L’Isle-Adam, face aux 8e ID et 28e DI, les batteries françaises exercent durant toute la nuit des tirs de harcèlement sur Champagne, Jouy le Comte, Petit Val et Parmain. Celles-ci se déplacent continuellement, empêchant les tirs de contre-batterie de la part des allemands. Malgré cela, les éléments de la 8e ID se préparent à l’assaut de la ligne de défense de Paris. A la faveur de l’obscurité, le matériel de franchissement est amené en avant, l’artillerie continue sa mise en place, notamment des pièces antichars Pak.

                    Le général Koch-Erpach fixe l’heure de l’attaque pour 9 heures 50 entre Parmain et Jouy le Comte en direction de L’Isle-Adam avec 2 bataillons du 84e IR à droite et 2 bataillons du 38e IR à gauche.

                    Au première lueur du jour, les troupes d’assaut allemandes prennent position à environ 400 mètres des berges de l’Oise. Les français réagissent par quelques coups de feu isolés ou par des rafales d’armes automatiques à chaque mouvement suspect. Le terrain prévu pour l’assaut descend à découvert jusqu’à la rivière au vue des français mais les bataillons allemands parviennent malgré tout jusqu’au bord de l’Oise.

                    Après des tirs de réglage par les 2 régiments appuyés par les groupes d’artillerie du corps d’armée entre 9 heures 40 et 9 heures 50, des attaques simulées sont lancées par l’infanterie pour obliger l’artillerie française de se dévoiler. Une attaque par l’aviation, notamment par des Stuka, est également prévue mais en raison d’une météo défavorable, celle ci est annulée.

                A 9 heures 50, plus de 100 pièces d’artillerie ouvrent le feu sur les positions françaises. En même temps, les hommes du 8e Pionier-Bataillon mettent à l’eau les canots pneumatiques et commencent la traversée sous le feu des mitrailleuses. L’artillerie française, qui s’était tu jusqu’à présent afin de ne pas dévoiler ses positions, effectue avec précision des tirs d’interdiction sur les différents lieux de franchissement. Les troupes d’assaut allemandes ne peuvent prendre pied sur la rive tenue par les hommes des 84ème DIA, 13ème et 16èmeDI. Les pertes allemandes sont lourdes et l’ordre de repli est donné. Un grand nombre de canots ayant été détruit, les rescapés dont certains sont blessés doivent revenir en nageant agrippés aux quelques embarcations encore en état.

                    La première tentative de franchissement échoue.

                    Le commandant du 38e IR, avant de renouveler l’attaque, décide de reconnaître plus soigneusement les positions françaises que son artillerie n’a pu réduire au silence ainsi que de nouveaux points de franchissement de l’Oise. Puis par de nouvelles attaques simulées, il oblige les positions françaises à se dévoiler permettant ainsi de les réduire au silence une à une.

                    A 12 heures 10, une nouvelle tentative de franchissement est lancé par le Ier Btl et le IIIe Btl toujours appuyé par l’artillerie renforcée par les pièces de Flak[2][8] 88 de la division. En réponse, les français effectuent des tirs surprises toutes les dix minutes environ causant à nouveau des pertes en hommes et en matériel du côté allemand. Malgré la préparation minutieuse, une nouvelle position de mitrailleuse française qui n’avait pas encore été reconnue gène à nouveau la progression des troupes d’assaut allemandes. Malgré cela, le 8e Pionier-Bataillon, après avoir mis à l’eau de nouveaux canots pneumatiques, tente une nouvelle traversée de la rivière mais les tirs d’armes automatiques et de l’artillerie rendent rapidement les canots inutilisables.

                La deuxième tentative de franchissement échoue également.

                    La position de mitrailleuse qui fut en partie responsable de cet échec était abritée dans un abri[3][9] bétonné parfaitement camouflé par de la rocaille. Le rôle de ce bloc fut important comme le relate le journal allemand «Der Vormarsch » en date du 21 juin 1940 :

                    « A l’autre rive, sur la digue, se trouvait un haut tas de pierres, de la chaux blanche, comme il y en a en mille endroits des fleuves français. Que peut dissimuler ce tas de pierres blanches qui sautait aux yeux et offrait un but facile ?. Et pourtant, ce maudit tas nous à fait beaucoup de chagrin : il contenait un bunker de béton parfaitement achevé avec trois Marocains qui avaient toutes facilités pour nous tirer sur la tête. Notre commandant le découvrait enfin. Il fait apporter deux canons Pak dans la première position et dirige lui même le tir. Déjà les premiers obus faisaient leur œuvre ; une légère fumée bleue se levait et la garnison du bunker ne donnait plus signe de vie. A peine une minute plus tard, l’artillerie française tirait sur l’endroit des canons Pak, mais ceux là avaient changés de position, couvert par le feu des mitrailleuses et des fusils comme on l’avait exercé pendant des mois ».  

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\Combat21.jpg

Bloc pour mitrailleuse établi le long de l'Oise et qui posa tant de problèmes aux troupes d'assaut allemandes. (Photo de l'auteur)

                Devant ce nouvel échec, le commandant du 38e IR cherche à nouveau des points de passage plus favorables pour ses troupes. A 14 heures, le Ier Btl déclenche un nouvel assaut protégé cette fois par un écran de fumigène. La 3ème compagnie de ce bataillon met à l’eau les dernières embarcations encore disponibles mais le feu français se déchaîne à nouveau réduisant à néant cette nouvelle attaque.

                    La troisième tentative échoue à nouveau.

                    En fin de soirée, après cette succession de revers, le commandant du VIIIe Armeekorps décide de suspendre les opérations et de préparer pour le lendemain une attaque par la 28e ID en direction de Beaumont-sur-Oise. Mais le général Koch-Erpach, pensant qu’une attaque dans un nouveau secteur serait lourde en perte et après une visite dans le secteur des combats, décide de tenter une dernière fois de forcer le passage avant la tombée de la nuit.

                    A 18 heure 25, un nouvel assaut se met en place par le IIIe Btl en un lieu qui semble moins soumis au feu des français. La 10ème compagnie qui dispose encore de quelques canots pneumatiques formera le fer de lance de cette attaque. Toutes les armes disponibles sont employées et l’artillerie allemande concentre ses tirs sur le secteur retenu pour l’assaut afin de réduire au silence toutes les pièces françaises. Vers 23 heures, la 2ème compagnie force le passage en utilisant notamment le barrage qui n’avait pas été détruit par les français et prend pied sur l’Ile de la dérivation. Simultanément, la 10ème compagnie aux ordres du lieutenant Prohaska, protégée par un écran de fumigène, réussit à mettre ses embarcations à l’eau et parvient rapidement sur l’autre rive où un combat acharné au corps à corps s’engage. Les allemands réussissent à progresser dans les hautes herbes mais ils sont arrêtés à 200 mètres de nos lignes par les feux du 8ème RTM et du 60ème RI mais néanmoins ils parviennent à créer une poche dans la partie Nord de L’Isle-Adam. Rapidement le gros des éléments du 38e IR  franchit l’Oise. Les combats font rage dans la forêt toute la soirée et les positions françaises sont défendues une à une. Vers 22 heures, quelques groupes du 8ème RTM, du 60ème RI, des éléments du 264ème RI ainsi qu’une section de mitrailleuses constituée avec 2 pièces récupérées sur le terrain, sous les ordres du lieutenant Roncheux et de l’aspirant Bassompière, contre-attaquent. Les allemands, devant cette action violente, subissent des pertes et doivent se replier momentanément. De même, un détachement qui occupait l’île de Champagne que les allemands du 28e IR venaient d’atteindre, tient héroïquement jusqu’à minuit, et se repliera en barque et à la nage.  

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\Foto_IA_barrage_1.jpg

Barrage par lequel les hommes de la 10ème compagnie du lieutenant Prohaska parvinrent à prendre pied sur l'île de la dérivation. (Photo de l'auteur)

                Devant la disproportion des forces et par suite de la rupture du front de la 241ème DLI à l’Ouest, la 16ème DI doit se replier au cours de la nuit sur Enghien et la 13ème DI sur Saint Denis par Beaumont et Moisselles. Le repli est protégé par des élément du 19ème GRDI. Repli également de la 4ème DIC sur Stains dans la soirée.

                    La 19ème DI appuyée par des éléments blindés du 1er DCR parvient à réduire la tête de pont ennemie à Boran. Malgré cela, l’ordre de repli est donné au cours de la nuit en direction du Sud de la Marne vers Noisy-le-Grand et Noisiel.

                    Sur le secteur Nord, la 29ème DI et la 47ème DI continuent à subir les assauts allemands. Ceux-ci parviennent à s’infiltrer par la forêt de Pontarmé ainsi que dans le secteur de Borest. A partir de 21 heures, repli sur l’Ourcq. Le 35ème GRDI subit de lourde de perte en protégeant le repli.

                     A la fin de cette journée, le général Weygand, après avoir déclaré Paris ville ouverte, donne l’ordre aux dernières troupes de se replier au Sud de la Seine.

             JOURNÉE DU 13 JUIN 1940 :

                Opérations sur l’ensemble du front :

                Paris est déclarée ville ouverte[4] conformément aux ordres communiqués au général Héring par le général Weygand :

                ORDRE.  

                I.- Paris est une ville ouverte.

                II.- Par suite on ne défendra ni les lignes des anciens forts ni la ceinture des anciennes fortifications ni à plus forte raison la ville elle-même.

                III.- Donc, aucune destruction de ponts ni mesure de défense de la ville. Les troupes combattant en retraite ou retraitant ne devront pas traverser la ville à l’intérieur des boulevards qui en marquent la ceinture.

                IV.- La défense assurée actuellement sur la Nonette, sera reportée si elle est rompue sur la ligne de sûreté (Ecouen, Gonesse, Aulnay-sous-Bois); puis au Sud de Paris sur la ligne indiquée par le commandant du groupe d’armées n°3 (forêt de Rambouillet, vallée de Chevreuse, Juvisy-sur-Orge) où l’armée de Paris se reliera à la VIIème armée.

Signé : WEYGAND.

                Opérations sur la ligne Chauvineau :

                Dans la nuit, les dernières unités se replient sur l’Yvette entre Saint-Forget et Bures par Louveciennes, Versailles, Buc et Châteaufort.

                    Au terme de cette journée, le général Rudolf Koch-Erpach, commandant la 8e ID peut enfin déclarer: « Prochain objectif : Ecouen. La route de Paris est libre. Dans la forêt de L’Isle-Adam nous avons fait de nombreux prisonniers. Dans Ecouen, la division apprend que Paris ne sera pas défendu et déclaré ville ouverte ».

                    En récompense de leurs actions, quatre officiers de la division dont le général Rudolf Koch-Erpach ainsi que le lieutenant Prohaska reçoivent la Ritterkreuz.

                    Dans la soirée, les allemands reconnaissent la valeur de leur adversaire : « Nos troupes se sont trouvées devant des troupes françaises qui ont opposées une forte résistance à notre avance. Nous nous sommes trouvés devant une artillerie dont le tir s’est révélé d’une précision étonnante. Il y avait là une ARMEE D’ELITE ».

             JOURNÉE DU 14 JUIN 1940 :

                Après avoir envisagé et préparé une attaque sur Paris, la 8e ID apprend au cours de la nuit que Paris ne sera pas défendu. Le Haut Commandement allemand confirme l’information à la division : « Paris à capitulé tout à l’heure ! ».

                    Dès les premières heures de la journée, des détachements motorisés des deux divisions se dirigent vers Paris afin de garantir la sécurité des troupes allemandes qui convergent vers la capitale. A partir de 8 heures 45, la 8e ID fait route en direction de Saint Denis. Le 38e IR en raison de son action décisive lors du franchissement de l’Oise marche en tête. Il progresse dans la capitale par les boulevards Anatole France, Jean Jaurès, Victor Hugo, l’avenue de Wagram et la Place de l’Etoile. Cette entrée dans Paris ne se fera pas accompagnée de la musique du régiment mais au son d’un disque diffusé par les haut-parleurs d’une voiture d’une Propaganda-Kompanie. En effet, la fanfare du régiment ne fut pas au rendez vous ce matin là. C’est ainsi que la 8e ID défilera devant le général commandant la division entouré de son Etat-major en empruntant le côté nord de la Place de l’Etoile pendant que la 28e ID empruntait le côté sud de cette même place.

Description : C:\Photos sur C\Ligne Chauvineau\lignechauvineau\images\Defile_Paris_1.jpg

Le général Koch-Erpach attend devant l'Arc de Triomphe le passage des hommes de sa division. (Photo extraite du journal de marche de la 8ème ID)

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Les hommes du 38ème IR vont défiler devant le général Koch-Erpach. (Photo extraite du journal de marche de la 8ème ID)

                D’autres éléments défileront également ce jour là, il s’agit des hommes de la XVIIIème Armée comprenant les VIIIe (8e ID et 28e ID) et XXXXe Armeekorps (9e ID et 44e ID). La 9e ID défilera sur les Champs-Élysées devant les généraux von Bock, Kuchler et Heitz (commandant le VIIIe Armeekorps).

                    Paris va vivre alors pendant plus de 4 ans sous le régime de l’occupation allemande.

                    Les combats qui se déroulèrent à L’Isle-Adam valurent à cette ville une citation à l’ordre de la Brigade ainsi que l’attribution de la croix de guerre avec étoile de bronze avec l’appréciation suivante:

                    «Marquée par les héroïques combats qui se livrèrent sur son territoire en 1940 pour assurer la défense des passages de l’Oise et la couverture de la région parisienne, a, sous l’occupation ennemie, témoigné d’un esprit d’abnégation remarquable en constituant un centre de résistance qui fut décimé mais non détruit. Exposée à de terrible bombardements aériens du fait de la proximité d’objectifs militaires, la population accepta courageusement cette situation tragique sans se laisser abattre par le nombre de ses morts et l’importance de ses ruines ».

                    Les allemands eux-même se sont inclinés devant le courage et l’abnégation des soldats français au cours de ces engagements. Le général Rudolf Koch-Erpach, commandant la 8ème ID, écrit en parlant des combats de L’Isle-Adam :

                    « La division de Haute Silésie (8ème ID) éprouvait à ce point décisif les jours les plus durs de la guerre en rencontrant un adversaire qui se battait avec courage et qui était résolu à risquer le tout pour le tout en luttant littéralement pour chaque trou de mitrailleuse, chaque blockhaus et chaque haie. Plusieurs fois, je m’arrêtais devant les positions de l’avant garde de ma propre infanterie pour chercher une possibilité d’accélérer l’avance. (Surtout le tir furieux des mitrailleuses et des canons légers dont les nids étaient introuvables, nous éprouvaient beaucoup). La division a compris dans ces heures terribles toute la valeur de l’art du camouflage que les Français comprennent parfaitement et pas seulement sur l’Oise ».  

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                               Malgré la défaite, malgré la débandade de certaines unités, l’incapacité de quelques officiers et l’incompétence de nombreux hommes politiques, ils furent nombreux ceux qui se sont battus courageusement et qui tombèrent « au champ d’honneur ».

                    Pour rappeler leur mémoire, citons pour le secteur de L’Isle-Adam, le sergent Léopold Cretenet, les mitrailleurs Fernand Caillon (caporal chef) et Joseph Dietlin (caporal) et les tirailleurs marocains Ben Ali Mohamed et le matricule n° 11864 du 8ème RTM tués en défendant le bloc 7J le long de l’Oise.

                    Ou encore sur Ormoy-Villers, le sous-lieutenant Lenoir de la section antichar de la 1ère demi-brigade, frappé mortellement en portant un ordre au lieutenant Couturier mais également, parmi les 34 corps relevés par les habitants du village en juillet 1940 ; Roger Jeanot, Pierre Crusfond, Joseph Panel (sergent), Pierre Chevreux, René Hobel, Roger Voges (sergent-chef), René Grisouard, Lucien Mangin, Raymond Beuglet (sergent-chef) du 61ème BCP ; Alexandre Destholière, Adolphe Baechtel (sergent chef), Camille Duquerroy, Constant Turlure (sergent) du 30ème BCP ; André Toreton, Arthur Gourdain (caporal-chef), Lucien Renaudin, Adolphe Walbillig (sergent-chef) du 8ème BCP.

                    Et encore sur le secteur de Vincent-St-Auger, le sous-lieutenant Bastien de la 1ère compagnie tombé à la tête du groupe de réserve de sa section, en tentant de couper la retraite aux fantassins allemands qui refluaient en désordre devant le front de sa section ; le lieutenant Blas commandant un P.A. de la 2ème Cie frappé par un obus qui atteint en même temps un groupe entier de sa section de mitrailleurs.

               Les habitants d’Ormoy-Villers ont également relevés 19 corps sur le territoire de cette commune dont Jean Walgrain, Daniel Gilles, Roger Deguesin, Jean Froment, Christian Segaud (8ème BCP), Paul Laket, Emile Pourchot, Louis Jacquin (capitaine), Louis Mougenat (sergent chef), Jean Robert (capitaine), Serge Larpent.

                    Parmi les autres soldats tués durant ces combats, il convient encore de citer Elie Dauchie (235ème RI), Louis Betourne (132ème RI), Claude Lournier (235ème RI), Fernand Duchemin (235ème RI), Alphonse Martin (140ème BIA), Marcel Lelet, Marcel Berlin (132ème RI), Albert Rousseau (235ème RI), Ambroise Rouffelaers, Robert Dany (8ème RI), André Auro (235ème RI), Joseph Lefoll(132ème RI), Larbi Zahaf (groupement Nord-africain), Jean Pierre Huchon (132ème RI), Armand Canal (287ème RALD).

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Objets allemands retrouvés dans les bois d'Ormoy-Villers après les combats.

                Rappelons enfin pour terminer les pertes françaises et allemandes durant la période du 10 mai 1940 au 25 juin 1940. Pour 6 semaines de combats, celles ci s’élèvent à 92000 tués et 250000 blessés soit une moyenne supérieure à celle de 1914-1918. Quant aux pertes allemandes, elles atteignent 27000 tués, 18384 disparus et 111000 blessés.

              LEXIQUE :

AC :    antichar

BCA : bataillon de chasseurs alpins

BCP :  bataillon de chasseurs à pieds

CA :    corps d’armée

DCA : défense contre avion

DCR :             division cuirassée de réserve

DI :     division d’infanterie

DIA :  division d’infanterie d’Afrique (84ème), division d’infanterie Algérienne (85ème)

DIC :   division d’infanterie coloniale

DINA :           division d'infanterie nord-africaine

DLC :  division légère de cavalerie

DLI :   division légère d’infanterie

DLM : division légère mécanique

FM :    fusil mitrailleur

G.A. :  groupe d’armées

G.Q.G :           grand quartier général

GRDI :           groupe de reconnaissance de division d’infanterie

ID :     infanterie division (armée allemande)

IR :      infanterie régiment (armée allemande)

LPR :  ligne principale de résistance

P.A. :   point d’appui

P.C. :   poste de commandement

Q.G. :  quartier général

RA :    régiment d’artillerie

RAC :             régiment d’artillerie colonial

RAD :             régiment d’artillerie divisionnaire

RAL :  régiment d’artillerie lourde

RALD :          régiment d’artillerie lourde Divisionnaire

RAM :            régiment d’artillerie de montagne

RAP :  régiment d’artillerie de position

RI :      régiment d’infanterie

RIA :   régiment d’infanterie alpine

RIC :   régiment d'infanterie coloniale

RRT :  régiment régional de travailleurs

RTA :  régiment de tirailleurs algériens

RTM : régiment de tirailleurs marocains

RTS :   régiment de tirailleurs sénégalais

RTT :   régiment de tirailleurs tunisiens

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